Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

jeudi 16 décembre 2021

 

L'hiver chante son froid à travers les branches des arbres.

Une musique lugubre dégoulinante de mélancolie et de macabre

Sur le sol humide, les feuilles s'entassent autour du corps recroquevillé de l'homme qui attend

Il a froid et il a peur, et l'oiseau de nuit, l'oiseau de proie de l’effleurer dans son tourment.


Voici des jours qu'il marche, qu'il court dans ce dédale de ronces et de buissons

Des jours qu'il fuit la mort, la sienne, celle des autres, des jours qu'il tourne en rond

Les arbres sont tous les mêmes, ils ne sont qu'un dans la forêt

Les arbres sont tous les mêmes, ne chuchotent plus, restent muets.


Dans le brouillard glacial, il espère la lumière, il espère son pays.

La neige craque sous chacun de ses pas et le son d'un violon qui accroche la nuit

L'épaisse chevelure des feuillus inquiétants lui refuse le ciel

Il n'en voit que des bouts, il n'en voit que des bouts sans soleil.


La douleur écrasante l'empêche de respirer sous son long manteau bleuté

Et dans ses lourds brodequins, des engelures carnassières lui nécrose déjà les pieds

Les loups sont affamés, il les entend se rapprocher, il les entend claquer leurs crocs

Les ombres se bousculent et le silence s'enfuit dans un dernier écho.


Sous la voilure d'un crépuscule trop sombre, il ne voit déjà plus les étoiles briller.

Il les as pourtant compter et recompter, pour ne pas tomber, pour ne pas abandonner

Mais le ciel de commencer à pleurer des larmes douloureuses et glaciales

Ses membres engourdis, fissurés, crevassés, se résignent alors du combat déloyal.


La forêt, comme un immense cimetière, les troncs des arbres comme autant de croix,

Aucun son de cloches pour lui rappeler les hommes, il n'a plus peur, il n'a plus froid,

Aucun son de cloches, juste le cri du vent pour le ramener à la terre, un dernier cri,

Et sous les paupières mi-closes du trop jeune soldat, le gris dans l'oubli à jamais endormi.

mercredi 15 décembre 2021

 

La bouche entrouverte

Comme la rose qui s'offre aux effleures de l'abeille

Elle est nymphe sur sa couche de miel.

Et dans les brumes de son premier sommeil

Elle attend patiemment que se posent ses rêves

Sur sa peau découverte.


Reine du fantasme

Sa couronne de fleurs au parfum de thébaïne

Sagement cristallisée en légendes libertines

Encense mes sens et transcende la bruine

En fumées chimériques, capturant l'attrape-rêves

Dans l'attente de l'orgasme.


Les mains courent, se cherchent, ne se trouvent pas toujours sous les draps de satin,

Les mains courent, légères,

Elles effleurent, s’effleurent, elles s'essoufflent, mais jamais ne s'arrêtent.


J'embrasse son ciel qui perle déjà sa rosée du matin

Ma langue court, tourne, se fait à la fois douce et guerrière

Et sur son sein, l'auréole d'un saint pour nourrir le poète.


La bouche mi-close

Elle respire la nuit, en respire ses étoiles délicieuses

Elle aspire et expire, expire et aspire jusqu’à mon entrecuisse en notes vicieuses

Et sa chevelure de lierre qui me susurre les caresses dangereuses

M'emporte déjà aux portes du mourir, jusqu'aux prémisses

De ma métamorphose.

 

Je n'aime pas les gens,

Ils m'indiffèrent,

Vous m'indifférez.

Vous n'êtes que ces pions malchanceux sur l'échiquier de la vie posés en désordre sur une vieille table bancale. Une table qui n'attend qu'un petit coup de vent ou un geste maladroit pour s'effondrer lourdement sur un carrelage trop froid.

Je n'aime pas les gens, et je n'ai pas le temps d'attendre la maladresse de ce geste pour voir leur vie s'éparpiller sur le sol. Je préfère être ce geste. Je préfère être celle qui restera debout, jusqu'à ce qu'un autre balance un coup de pied dans la table ou repose mon échiquier.

Je n'aime pas les gens, je n'aime pas leurs mains. Des mains égoïstes, des mains pathétiques, des mains qui font semblant de vous rattraper et qui vous lâchent au moment même ou la chute devient trop évidente, des mains tremblantes, des mains usées. Des mains qui m’agrippent, me griffent, me saignent. Des mains sales, dégoûtantes, gerbantes, mais aussi quelques mains amicales, empathiques, aimantes. Des mains que je ne vois plus depuis ma toute dernière déchéance. Et je m'en fous.

Je n'aime pas les gens. Ils sont menteurs, manipulateurs, égocentriques et souvent totalement stupides. J'étais comme eux avant. Avant. Aujourd'hui je suis pire. Nue devant mon miroir, j'ai longtemps été ce pantin déséquilibré qui s'acharne à se couper ses fils avec de vieux ciseaux rouillés, pendant qu'un hideux crapaud biblique s'amuse avec perversité à me les rattacher un à un, encore et encore, me jetant à la gueule, un semblant de liberté. J'ai souvent pensée à me crever les yeux avec cette paire de ciseaux, mais la voix dans mon reflet me chuchote inlassablement de me retourner. Une voix envoûtante, hypnotisante qui m'accroche mon cerveau déjà perdu dans quelques notes planantes de Tangerine Dream. Alors je me retourne, comme à chaque fois, et je redeviens pion sur mon échiquier faisant tomber au passage quelques tables bancales.

Je n'aime pas les gens. Ils font toujours la gueule, même lorsqu'ils sont heureux.

Je ne les aimes pas. Ils me le rendent bien. Souvent, je ramasse ceux que je trouve, et les mains grandes ouvertes, je les regarde s'entasser sur l'une de mes paumes. Parmi eux, des visages connus, des visages inconnus, des sans-visage. Ils ont tous peur. Ils ont raison. Alors commence la symphonie funèbre de mes applaudissements. D’abord en rythme saccadés, puis de plus en plus rapide, de plus en plus fort, écrasant tous ces gens entre mes deux mains autrefois empathiques. Ils hurlent, mais mon esprit n'est déjà plus là pour les entendre. Leurs os craquent, leur sang coule... et J'aime ça. J'aime même foutrement bien ça !

Je sais ce que vous êtes en train de penser. Vous vous dîtes que je suis folle. Bien sûr que je le suis. Complètement, irréfutablement, indéniablement... poétiquement. Dois-t-on me passer à l'échafaud à cause de cela ? Dois-t-on m'assassiner comme on a assassiné tous les rêveurs ?

Bien sûr que oui, parce que si ce n'est pas vous qui m'effacez, c'est moi qui le ferais, avec toute cette haine vicieuse que j'ai accumulé durant toutes ces années de silence. Le monde emprisonne, torture, fusille tous les fous, les paumés, ceux qui sont différents de par leur couleur, leur sexualité, leur croyance. Et nous nous retrouvons tous dans l'enclos des fous, nous agonisons, nous hurlons, nous mourrons, sous l’œil indifférent de ceux qu'on croyait humains. Mais l'humanité n'est plus.

Alors je laisse glisser lentement mes rêves et je prend tout naturellement place... dans ma folie.

mardi 7 décembre 2021

 

L'hiver s'est endormi dans le fond de mon cœur,

emportant dans son froid, mes dernières lueurs,

Ces dernières lueurs que tu savais protéger et que j'ai lâchement abandonnées quand tu t'en es allé,

Depuis, j’embellis chaque jour ma mort de mes nombreux suicides et je me vide lentement de mes derniers instants,

Tu m'as trop aimé

Moi,,, je t'ai trop mal aimé,

Mais ai-je un jour aimé à en crever ?

Ai-je un jour aimé si fort au point de m'oublier ?

La réponse repose dans mon déclin

La réponse n'est que ma solitude,

J'ai trop de sang sur les mains,

Celui de mes amis,

celui de mes ennemis,

celui de ceux qu'on assassine juste comme ça,

J'ai trop de sang sur les mains

ou peut-être pas assez

J'aurais voulu avoir le tien pour jouir un peu plus de mon chaos

J'aurais voulu avoir le tien pour parfumer mon cadavre d'un ultime blasphème,

Je n'ai jamais aimé que moi, ma chute n'en sera que plus égotiste

Et quand les monstres des cauchemars de mon enfance viendront m’arracher les entrailles et me dépecer de mon narcissisme, j'embrasserais alors le Diable lui-même et je brûlerais mes derniers regrets lamentables dans l'antre de son feu éternel,

J'irais cracher sur ma propre tombe pour que les oiseaux ne me pleurent pas et j'en effacerais jusqu'à mon nom pour libérer vos esprits de ce que je fut, de ce que je serais toujours,

Je vous délivrerais de moi

Je te débarrasserais de moi

Un petit geste philanthropique pour sombrer dans l'oubli

Ou peut-être bien un dernier coup de poing calculé pour m'éterniser dans tes pensées,

L'oiseau

 

Il était l’oiseau

Qu’on avait enfermé dans un sommeil sans rêves

Ses ailes alourdies du mensonge de l’Homme

Ne savaient plus voler


Il était l’oiseau

Qu’on avait enchaîné dans la mémoire des condamnés

Sa voix brisée par les trahisons de l’Homme

Ne savait plus chanter


Il était l’oiseau

Qu’on avait oublié dans les cendres de la mort

Ses yeux asséchés aux indifférences de l’Homme

Ne pleuraient plus que vengeance


Il était l’oiseau endormi…


Il est maintenant réveillé !

 

J’ai oublié de te dire « je t’aime »

J’ai oublié les mots, j’ai oublié nos rêves

Ma mémoire s’est éteinte de nous

Et je ne sais plus vivre le moi

Je suis seul

Bien trop seul avec le vide qui se gangrène dans mes chaires

… Le précipice d’un adieu au vertige suicidaire


Je ne sais même plus qui je suis

Ni si je fus un jour

Et je suis là à attendre un toi

Un bout de passé qui ne viendra plus

Parce que je n’ai pas su m’accrocher

Parce que je n’ai pas su t’aimer

Parce que j’ai joué de ma vie

Sur les stèles oubliées

De ce vieux cimetière

Où se fleurissent d’éternité

Mes bien tristes solitudes.

Le Soleil et la Lune

 

De demi-lune en demi-mots

Il s’est laissé tomber dans son chaos

Juste une fois, juste un instant

Juste un baiser sur son sein blanc


Au demi-jour sans demi-tour

Elle s’est laissé consumer par cet amour

L’esprit perdu au vermillon d’un crépuscule

Qu’elle rêve encore quand le silence se noctambule


Le ciel alors se chuchote leur secret

Et les étoiles se « pantomimes » dans les nuances d’un ballet

Quelques filantes le porte bientôt jusqu’au plus loin de l’inconnu

Là où s’étoffe les enfers peuplées des larmes des vaincus


De cette brûlure torride est ainsi né l’enfant

Un petit monde nouveau berçant les océans

Mais ce bonheur sans heurt est bien vite obscurcit

Par un étrange néant égrené de mépris


Un odieux sortilège et les voici piégés

La Lune et le Soleil à jamais séparés

Mais soyez rassurés, ils veillent toujours la Terre

Dans un sourire de lune, un clin d’œil solaire


L’infante est aujourd’hui, notre mère, notre vie

Elle est mousse légère et même le merle joli

Elle est rose trémière, elle est le vent, la pluie

Les branches d’un vieil arbre, et ce chat dans la nuit


Elle est mille paysages en fond de toile bleutée

Et dans ses veines tranchées s’écoule le verbe aimer

Elle nous offre sa confiance, à nous de l’apaiser

Car nos âmes dans ses bras, elle reste notre foyer


De ses racines fragiles sa nature nous rappelle

Qu’a force de la blesser elle perd son éternel

Sur le plus haut rocher, donnons-nous tous la main

Et protégeons la terre pour la sentir demain.

 

Tu manques à mes mots quand j’écris ton absence

Ceux-là même qui glissent sur ta peau pour briser tes silences

Des mots fragiles, des mots stupides… Des mots d’amour

Des mots par habitude, ceux qu’on oublie un peu chaque jour.


Tu manques à mes rêves, et pourtant, je ne rêve que de toi

De nos nuits somnambules à se toucher, s’effleurer sous nos draps

Des nuits torrides, parfois trop sages… Des nuits d’amour

Des nuits comme ça, que l’on rêve pourtant comme d’un toujours.


On s’était promis la lune, on a touché les étoiles

Une à une, lentement, comme le pinceau sur sa toile

Des étoiles dans les yeux, des étoiles pour nous deux… Des étoiles d’amour

Des étoiles silencieuses, nul besoin de discours.


Tu me manques tellement et pourtant, tu es là dans mes bras

A dessiner sur mes lèvres des baisers d’autrefois

Des baisers sensuels, des baisers idiots… Des baisers d’amour

Des baisers éternels qu’on s’écrit simplement sans roulements de tambour.


Parce qu’à force de se voir, de se dire, de se lire

On ne se voit plus, on ne se dit plus, on ne se lit plus dans l’avenir

Pourtant, on s’aime, on s’aime tendrement, on s’aime furieusement… On s’aime d’amour

Et l’on se manque parfois de trop s’aimer… C’est ça l’amour.


Vive le vent

 

Sur le long trottoir

Paré d’indifférences

Un monsieur sans espoir

S’endort tout seul dans le silence.

Et tout là-haut le vent

Murmure son froid intense

Sur son vieux corps suintant

De mille gerçures, de mille souffrances.


Oh ! Vive le vent, vive le vent

Vive le vent d’hiver

Qui s’en va, sifflant, crachant

Sur ceux qui dorment par terre.

Oh ! Vive le vent, vive le vent

Qui souffle son froid

Sur les corps des mendiants

En leur glaçant les doigts.


Joyeux, joyeux noël

A tous les sans-abris

Les mains dans les poubelles

Et ce jusqu’au bout de la nuit

Et sous chaque carton

Il flotte un air de diète

La foi reste muette

Les mains tendues n’sont pas d’saison.


Oh ! Vive le vent, vive le vent

Vive le vent d’hiver

Qui s’en vient comme un gourmand

Pour mordre dans les chaires

Oh ! Vive le vent, vive le vent

Ce vieux croque-misère

Qui emporte dans ses tourments

Les âmes au cimetière.

253

 

253

Et les cendres de creuser les tombes pour fleurir la terre de leurs derniers parfums

Ils ne renaîtront pas

Mais ils vivront toujours dans les cœurs encore chauds

De ceux qui se souviennent.


253

Et le printemps de pleurer ses bourgeons qui se sont enflammés

Le vent ne respire plus

Il a brûlé son souffle dans le feu de ces autres

Qui ne croient qu’en l’enfer.


253

On les entend crier mais ils consument déjà dans un brasier funeste

Les églises se sont tues

Sur les vitraux gisants en mille tessons vulgaires

S’écoule encore le sang des innocents.


253

Et encore combien pour faire jouir la bête et la voir transpirer les douleurs de nos frères ?

Ils avaient un nom

Le monde ne se souviendra que d’un nombre.

 

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux.

Pas parce que j’ai peur de ce que je pourrais voir - ou ne pas voir.

J’ai déjà vu tout ce qu’il y avait à voir.

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux parce que je suis fatiguée. Terriblement fatiguée. Mes paupières se sont refermées sur d’impensables pensées. Elles ont mordu les poussières obscures et sont tombées KO sous les trop nombreux coups du sort. Elles se sont refermées. Et je ne trouve plus cette lumière qui dessinait parfois sur mon visage, cette ride géante que les autres appellent « sourire ».

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. Je garde les larmes qui goutte à gouttes forment cette rivière où j’aime tant me laisser emporter. M’emporter loin, aussi loin que mes rêves savent nager.

… Bien plus loin encore, et peut-être m’y noyer.

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. J’ai déjà vu mon monde s’effondrer une première fois. Les débris d’une vie au milieu des cendres d’un passé qu’on ne peut plus oublier. Je l’ai vu s’effondrer, et je l’ai pourtant reconstruit. Sans doute trop vite. Beaucoup trop vite. On ne rebâtit pas toute une vie sur des fondations trop fragiles. On ne rebâtit jamais rien de toute façon, on prend simplement ce que le destin veut bien nous laisser sur le bord du chemin. Moi, je ne veux plus rien. Je ne demande plus rien. Je veux juste qu’on me laisse nourrir ma mort comme d’autres se régalent de leur vie anorexique.

Je n’ai plus envie d’ouvrir les yeux. Hier encore, je voulais croire que demain n’était pas juste demain, qu’il était un peu plus que tout ça, qu’il était un espoir, une renaissance. Mais je sais aujourd’hui que rien n’existe vraiment, que je n’existe pas moi-même. Alors pourquoi ouvrir les yeux ? Je veux vivre en dedans et marcher dans un imaginaire que je n’ai pas encore inventé. Je veux vivre dans l’ailleurs, là où les monstres ne sauront pas me trouver. Je veux vivre l’oubli.

Laissez-moi oublier.

Laissez-moi fermer les yeux.


Adieu

 

On m’a dessiné un ange

Je lui ai colorié les ailes en jaune et en bleu

Juste pour le rendre unique

Juste pour le rendre plus beau

… Et je lui ai aussi dessiné un gigantesque sourire au crayon rouge

Comme l’énorme nez d’un clown

Parce qu’un clown ça fait rire

Et que j’aime rire

C’est un peu ma façon de vous dire de ne plus vous inquiétez pour moi

Que je vais bien maintenant

Un peu ma façon de vous délivrez de mon mal

J’emporte avec moi plusieurs grilles de chiffres et quelques dominos de couleurs

Derniers passe-temps qui ont su ricocher dans mes trous de mémoire

J’emporte aussi mes crayons de couleurs

Pour colorier la terre, le ciel, les arbres et les oiseaux

Pour colorier la vie et colorer la mort pour la rendre moins triste

Mais j’emporte surtout mes plus beaux souvenirs

Et tout cet amour que je lisais chaque jour dans vos yeux

… Et je vous laisse mes sourires que je vous accroche en bord de cœur

Pour que vous ne vous souveniez que de celui que j’étais avant

Que vous vous en souveniez toujours en souriant

Parce que j’aime vos sourires


On m’a dessiné un ange

Je lui ai colorié les ailes en jaune et en bleu

Juste pour qu’il soit moi.

Soignants

 

Elle a les yeux gris

Les yeux des mauvais jours

Ces jours sans fin, ces jours sans bruits

Ceux qui la poursuivent toujours jusque dans ses rêves trop lourds


Elle a les yeux ternes

Transparents jusqu’à les effacer

Et juste en dessous les morsures de ses cernes

Comme la marque des fatigues pour ne pas oublier


Elle a le corps usé et le moral abîmé

Tant d’années à écouter les silences de leur triste solitude

Les soigner, les aider… et les voir s’en aller

Trop d’années à s’écorcher dans les mêmes habitudes


Elle a souvent les yeux vides

Vidés d’avoir trop pleuré les soirs d’épuisement

Quand leurs souffrances se dessinent sur leurs visages livides

Et se crayonnent dans ses cauchemars dans un décor de noir et de blanc


Et pourtant au milieu de toutes ses rides

Elle accroche chaque jour sur ses lèvres un sourire

Un sourire pour fleurir leur désert trop aride

Un sourire pour guérir juste un peu leur envie de mourir


Elle a les yeux bleus parfois

Bleus de vivre dans les leurs comme une lueur de reconnaissance

Entre deux larmes de lassitude et les petits et courts instants de joie

Qui lui donnent chaque matin la force de se lever malgré son impuissance


Aujourd’hui on applaudit, on dit merci

Mais rien n’efface les nuits sans lune et sans étoiles

Toutes ces manifestations inutiles où se sont perdus ses cris

Pour un peu de chaleur dans un monde glacial


Aujourd’hui, elle a encore les yeux gris, les yeux usés

Mais elle continue d’avancer dans les longs couloirs blancs

Pour un sourire, même timide, dans le regard des personnes âgées

Et leur donner la main pour soulager leurs tourments.

 

Les larmes d’écoutes s’endorment au creux de mon oreille

Elles ont glissées le long des parois fragiles de mon cerveau

Elles ont glissées

Rythmant un goutte à goutte étourdissant dans mon sommeil

Comme un compte à rebours qui se rapproche du point zéro

Un point c’est tout


Tout paraît triste tout autour de moi

Tout paraît vieux

Et ce silence au fond de moi

Comme le début d’un nouveau jeu


Elles ont glissées

Un point c’est tout


Mais tu es où toi ?

Mais tu es où ?

Je te cherche derrière mes paupières fermées

Je te cherche mais tu n’es pas là

Je ressentais pourtant ta main sur la mienne se serrée

Je la ressentais

Mais je suis seule à présent sous le froid de mon drap


J’entends encore mais je n’écoute déjà plus…


Je suis partie

Un point c'est tout

Je suis partie

Ne m'attends plus

 

Combien de fois devrais-je encore me relever ?

Mes genoux et mes mains écorchées me font mal.

J’ai perdu de la force, du courage…

Et de l’envie.

Il m’est de plus en plus difficile de me relever,

Mes souvenirs ont vieillis bien plus que mes jambes

Et mon esprit ne saurait plus porter ma mémoire morte.


Combien de fois devrais-je encore me relever ?

Avant, quand je tombais, des dizaines, des centaines de mains m’accrochaient pour me sortir de mon néant,

Aujourd’hui, elles ne sont plus

Toutes perdues elles aussi dans leur propre trou noir.


Combien de fois devrais-je encore me relever ?

Chaque chute me rapproche de plus en plus de la folie

Je ne veux pas devenir fou

Être fou, c’est un peu oublier sa vie

C’est souvent oublier celle des autres

Je ne veux pas oublier.


Combien de fois devrais-je encore me relever ?

Pourquoi d’ailleurs devrais-je encore me relever ?

… Si tout au bout, plus personne ne m’attend ?

Les couloirs vides

 


Ils sont tristes les couloirs

Les couloirs vides de leurs pas

Ils sont tristes nos couloirs

Sans leurs pas boiteux sans leurs pas maladroits


Ils sont tristes les couloirs

Aux portes fermées sur l’oubli

Ils sont tristes dans ce noir

Nos couloirs privés de leurs bruits


Et derrière chaque porte fermée

Les mêmes vieux aux sourires abîmés

Et derrière chaque porte fermée

Des appels au secours et des rires oubliés


Ils sont tristes les couloirs

Abandonnés de l’écho de leur voix

Ils sont tristes comme ces soirs

Aux mélanges tragiques d’obscurs et de froid


Et derrière chaque porte fermée

Les mêmes vieux qui s’ennuient

Les mêmes vieux aux solitudes fanées

Dans un même bouquet au pied de leurs lits


Et derrière chaque porte fermée

Des larmes et des cris de douleur

Des cris fatigués des cris étouffés

Un peu de colère et beaucoup trop de leurs peurs


Ils sont tristes les couloirs

Silencieux et déprimés

Ils sont tristes nos couloirs

Pleurant les absences de nos vieux tant aimés

vendredi 10 septembre 2021

Le souffle du papillon

 

Le plus beau jour de ma vie...

Le plus beau jour de ma vie

c'est lorsque nos regards se sont frôlé pour la toute première fois

furtifs

furtifs mais intenses

quelques secondes noyées dans le temps

que j'ai gardé échouées sur une berge de ma mémoire

Quelques secondes où toi tu as tout de suite su

Quelques secondes qui m'ont perdu dans ce que, moi, je ne savais pas encore.


Le plus beau jour de ma vie

ce sont tous les hasards de nos rencontres après ça

Un regard, un mot, un sourire et un souffle parfois

Des hasards discrets, des hasards pressés, des hasards attardés

Des hasards profonds


Le plus beau jour de ma vie

Ce sont ces émotions qui ont brûlées en moi

Des émotions que je ne connaissais pas

Des émotions que je ne voulais pas entendre

et que j'essayais de taire dans un silence mortel

parce que je les croyais impures, mauvaises, interdites

Ces émotions

pour un regard, un mot, un sourire ou un souffle parfois.


Le plus beau jour de ma vie

C'est notre premier baiser

Baiser timide, baiser léger

à fleur de bouche

baiser inoubliable


Le plus beau jour de ma vie

c'est ton sourire qui me jetait sa lumière dans ce que je croyais noir et sombre

Ce sourire qui m'encourageait à combattre mes démons jusqu'en dans l'ombre

Parce que tu savais ce que j'avais trop peur de savoir

Parce que toi aussi tu avais envie de te battre

de te battre pour moi


Le plus beau jour de ma vie

Ce sont nos caresses

Caresses glissantes, caresses intimes

Un effleurement

Un choc

Une étreinte.


Le plus beau jour de ma vie

c'est lorsque j'ai enfin compris

Lorsque j'ai enfin compris

ce regard, ces mots, ces sourires et ces souffles parfois

Lorsque j'ai enfin compris que l'interdit ne vit que dans l'esprit

des gens prisonniers de leur propre bêtise.

Le plus beau jour de ma vie

c'est lorsque j'ai réellement pris conscience de cette attirance presque malgré moi

quand je t'ai laissé prendre feu dans mon regard

quand j'ai enfin nommé les mots

Embrassé tes sourires

et que je me suis laissé consumer dans ton souffle


Le plus beau jour de ma vie

C'est lorsque nous avons fait l'amour pour la première fois...

Et toutes les autres fois aussi

Bouche contre bouche

Peau contre peau

Instants profonds, puissants

où chaque seconde semble éternelle

où chaque seconde semble être la dernière

où chaque seconde...


Le plus beau jour de ma vie

ce sont ces brûlures sur ma peau

ces brûlures que tu as composées du bout de tes doigts

du bout de tes lèvres

et qui se sont emparées de mon corps jusqu'au plus profond de moi

qui se sont emparées de mon âme et qui s'embrasent toujours

avec rage

avec passion

me dévorant fiévreusement


Le plus beau jour de ma vie

C'est lorsque tu m'as dit « je t'aime »

et que je t'ai répondu « moi aussi »

tout simplement

Sans grands discours

Sans grandes phrases

juste « je t'aime »

Dans un regard, murmures de mots, un beau sourire, souffle enflammé


Le plus beau jour de ma vie

c'est lorsque l'on s'est dit oui

juste toi et moi

d'homme à homme

d'âme sœur en âme sœur

sans tous les autres

juste toi et moi

sans leurs mauvais regards, leurs mots blessants, leurs faux sourires

où leurs souffles de mépris bien trop souvent


Le plus beau jour de ma vie

Ce sont tous ces jours depuis toi

Ce sont tous ces jours avec toi

comme une promesse

comme la promesse

Et ce sont aussi tous ces autres jours qui suivront

Ce sont tous nos regards, nos mots, nos sourires

Ensemble, jusqu'à notre dernier souffle.


Cat 

10/09/2021


mardi 18 mai 2021

Pauvre fou

Sur ses cris, les flammes se sont embrasés, consumant ses mots, n'en laissant que des cendres. Des cendres fertiles d'où germent déjà les pesants silences. Il n'a suffi que de quelques larmes de souffrances pour les faire fleurir, et le souffle de sa respiration trop lente, pour qu'ils s'envolent et s'accrochent comme une gangrène, pourrissant ses chaires, dévorant ses entrailles, le laissant seul avec ses peurs, seul avec ses douleurs.

Son regard s'est figé dans le vide et son esprit, entre deux shoots, joue la folie pour fuir cette réalité et cracher sur son enfer, espérant l'illusion d'en calmer son brasier.