Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

vendredi 10 novembre 2023

Sur la piste aux étoiles


Aucun trait de liner ce soir pour grimer sa douleur,

Les clowns aussi ont le droit de pleurer.


Les nez rouges ont fanés

aucun sourires pour les remplacer

ne reste sur la piste endeuillée

que l’oubli et le vide.


Les lumières se sont éteintes

le trapéziste est tombé

et l’homme-canon à explosé.


Les lumières se sont éteintes

Les fauves ont fouetter leur dompteur

et le dompteur a fini par les dévorer.


Derrière le rideau rouge

l’équilibriste à perdu l’équilibre

le fakir s’est empalé sur ses clous

Et les éléphants ont écrasés la foule cristalline.


Derrière le rideau rouge

La funambule s’est étranglé avec son fil

les jongleurs ont pris trop de coups de massues

et ont finis par se planter des couteaux dans le dos.


Sur les bords de la piste

L’illusionniste est partit au pays d’Oz

et le lapin blanc a bondit de son chapeau

Pour se faire sauter dans la casserole d'un Bocuse.


Sur les bords de la piste

La marionnette à dévorer le ventriloque

Le cracheur de feu s’est bien trop enflammé

Il se consume aujourd’hui dans l’enfer de son cancer

Et les otaries ont finies dans des eaux taries.


Dans les gradins

Les chevaux ont rejoins Bäckahäst

leur crinière voltige près des rivières.

L'homme fort à perdu du poids

et la femme à barbe s’est rasé.


Dans les gradins

L’avaleur de sabre est mort d’une occlusion

Spécialité à double tranchant

Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie.


Colombine s'est tiré avec l'acrobate maladroite 

Laissant son Pierrot pendu à sa lune

Le serpent a fini par charmer le jeune charmeur

Il est en prison pour détournement de mineur.


Mais dans les coulisses

Le spectacle continu


Le spectacle continu

Sans aucun applaudissements

Sans aucun spectateurs


Le spectacle continu

au milieu des ballons, des cerceaux, des échasses

au milieu du trampoline, des trapèzes

et de la corde pour s’y pendre.


Et même si les trompettes se sont tues

Le spectacle continu

dans les rêves alcoolisés

du vieux clown fatigué.


Lui, il est resté

quand les autres se sont enfuis

Lui, il est resté

pour réinventer son numéro.


Des larmes d’eau-de-vie

pour se noyer dans sa mort

Ses vomissures mélangées

aux poussières du cirque démodé.


Et dans son costume arc-en-ciel

noircit par le temps

Les éclats de rire des enfants

l’éclabousse toujours autant

Comme jadis la fleur sur sa boutonnière

arrosait les visages de tous ses confrères.


Et tout là-haut le grand projecteur

de ne diffuser qu’une faible lumière

Sur le corps tout contorsionné

du pitre usé et enivré.


Lui, il est resté

quand les autres se sont enfuis

Lui, il est resté

pour réinventer son suicide.


Les clowns aussi ont le droit de mourir. 


¤ Cat ¤ © 10/11/2023

jeudi 9 novembre 2023

Narcose

 Ils ont le sourire carnivore

Et l’appétit dangereux.

Les fous se bousculent en bord de précipice

Et tombent trois mètres plus bas

Sur un lit de seringues usées

vidées de leur euphorie.

De là-haut, l’œil érubescent du faucon

reflète une cascade de cadavres

plongeant dans une rivière de sang.

Une abomination poétique

sur la toile obscène du peintre excentrique

D’en bas, ce sont juste des morts « overdosés ».

Les fous se bousculent

et leurs cris sont échos sur la mer endeuillée.

Au loin, les marins dans leur cercueil de fer

espèrent la terre pour s’y faire entomber

Les femmes n’attendent plus leur retour sur les quais

elles s’endorment déjà chaque soir dans les bras d’autres hommes

s’abreuvant de vodka, de vin ou d’opioïdes

Juste avant de rejoindre les fous au bord du précipice.

Plus personne n’attend plus personne.

Lui, il reste à l’écart

Entre deux shoots, il plane au-dessus de ces fous

et les regarde sombrer.

Parfois, il voudrait les sauver

parfois, dans l’enfer de ses psychoses

il voudrait juste les pousser.

Mais il a trop peur d’avancer

trop peur d’être agripper.

Bien trop de ses amis sont déjà en bas

gémissant au milieu du charnier.

Et leurs plaintes d’être étouffées

par les détonations des obus et des bombes

dans ces terres lointaines où personne ne veut aller.

Juste à côté de lui

La petite fille, les bras croisés

Attend dans sa solitude

que la grosse dame en jupe tailleur et talons hauts

vienne lui serrer la corde qu’elle a autour du cou.

Son visage est éteint

il n’exprime plus rien

il n’est que le visage figé de ces poupées

que des anthropomorphes aiment tant maculer

de leur liqueur visqueuse et dégoûtante.

Elle ne dit rien, il ne dit rien

leur existence n’est rien

Ils se contente de se tenir la main

pour un moment.

Elle est sevré depuis longtemps

et ne se fume à présent plus que dans sa triste réalité.

Pour elle, il est déjà trop tard

Son petit corps est maintenant recouvert de saxifrages

et elle frôle dès lors un temps qui ne lui appartient déjà plus.

Quand elle s’envolera, lui sera toujours là

Comme à chaque fois.

Il laissera glisser ses cendres entre ses doigts

dans l’attente du prochain gamin paumé

qui voudra bien lui tenir la main

juste un instant.

Les cicatrices sur sa peau

ne sont que les pétroglyphes d’un temps passé

d’un temps dépassé

Ses yeux ne reflètent plus

que ses innombrables automnes

à se piquer les veines

Son corps pleure des squames

et son cœur s’est asphyxié.

Ses fous-rires se sont perdus

en même temps que ses rêves

quand il a compris les mensonges et les trahisons des hommes.

Et lorsqu’à force de suicides

il sentira l’odeur de sa fin

Il descendra sur la piste pour pendre les clowns

et voler leur nez rouge

pour les offrir aux enfants suppliciés.

Les fous se bousculent toujours

les blouses blanches engraissées aux psychotropes

viennent, à leur tour, prendre leur place dans le brasier

parmi tous ces fous qu’ils pensaient guérir

Et qui sont devenus obsessions

dans leur cerveau fatigué

au point d’en devenir fous eux aussi.

Lui, il les regarde toujours

Quelques hallucinations

un parfum d’Ancolie

et il se laissera alors glisser dans la foule des fous

pour les bousculer

pour se faire bousculer

et se laisser tomber trois mètres plus bas

dans les vapeurs des mânes.

Quelques hallucinations

Un parfum d’Ancolie

Et il s’abandonnera enfin.

La mort ne devient-elle pas délicieuse quand elle se pare d’opiacés ?


¤Cat à Strophes 09/11/2023

Un + Un

 Encore un parmi les « uns »

Un de plus, pas un de moins

Mais toujours un de trop

Un de ces trop qui débordent des statistiques

et qui finissent par s'écouler dans les trous noirs

sans que personne ne les remarquent

Encore un

Un de plus sur la table des opérations

Glaciale

devant lui, un vieux singe matheux stupide et borné

qui le dissèque, qui le soustrait à grand coup de crayon

lui laissant sur sa peau froissée

les traces impudiques d'un résultat bidon

les traces d'un calcul froid

comme la preuve indiscutable

que c'était juste la bonne formule

La solution parfaite

Se dis-culpabiliser

aux yeux des rêveurs


Un + un + un

Qui font toujours un

et l'addition des « trop fragile », des « trop malade » des « trop vieux » et des « trop tard »

Pour soustraire tout les « possibles », les « efficaces » et les « utiles »

Pour soustraire un reste d'humanité


Comme des vieilles carcasses

qu'on brise, qu'on écrase, qu'on broient

qu'on jette dans un charnier de ferrailles

et qu'on laisse là

parce que devant les portes du néant

se bousculent déjà d'autres vieilles carcasses

qui attendent sans bruits

qu'on les brise, qu'on les écrase et qu'on les broient


Et tout en haut

les demi-dieux qui claquent leur puissance

au bras des opulences

qui claquent leur indifférence

sur un lit de papiers colorés

qu'ils prélèvent chaque mois

dans les vieux corps usés

les vieux corps abusés

les maintenir un peu en vie

pour encore plus de bouts de papier coloré

Et tout en haut

Leur rire de mépris

Qui résonne dans les longs couloirs sanglants

Brisant en écho

Les derniers cris d’espoir

Les derniers hurlements du désespoir


Et puis il y a les autres

Ceux qui ne comptent plus

Parce qu’ils n’en n’ont plus le temps.

Ce temps qui les déshumanise

ce temps qui les divisent souvent

sans vraiment les soustraire

aux regards implorants.

Ce temps qui les rend fous.

Fous de courir pour donner un peu de chaleur

la chaleur d’un corps, d’un geste ou d’un sourire

Fous de courir pour n’offrir finalement

que la chaleur d’un enfer

au milieu d’une puanteur algorithmique.

Depuis longtemps ils ne comptent plus

Parce que pour eux

un plus un feront toujours des centaines

feront toujours des milliers

et que pleurer ne suffit plus

à les garder vivants

dans les mémoires des suivants


Encore un parmi les uns

sur cette table trop froide

où dormait juste quelques heures avant

un autre un

déjà analysé sans aucune mesure

et toujours les mêmes gestes

qui n’additionnent que des comptes rendus

sans jamais se rendre compte

que, finalement, ça ne sert à rien
un mauvais jeu de décompte

un triste compte à rebours

parce que tout le monde s’en fout

et que les vieux fous sont trop vite oubliés

dans leur mètre carré

qui n’ont plus de racines

à se rêver un sourire

à se rêver une dernière dignité

juste avant de s’endormir

sur la table trop froide.


¤Cat à Strophes 08/11/2023