Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

mardi 28 juin 2016

Il avait perdu la tête...
Les secrets déterrés puaient un passé qu'il avait voulu glisser dans l'obscur cimetière de sa mémoire déchirée.
Toutes ces années, on lui avait menti.
Toutes ces années... Pour rien.
Il existait mille façons de mourir. Pourtant, on l'avait assassiné bien avant sa naissance.
Alors pour oublier, il avait effacé ses souvenirs à coups de lames tranchantes et figé les regards morts dans le creux de son âme.
Certains n'avaient pas compris. D'autres n'en avaient pas eu le temps. La seule qui avait deviné avait été sa mère. Et c'est en lui offrant un dernier sourire, comme un pardon, qu'elle avait, elle-même plonger la lame étincelante dans sa gorge fragile pour laisser s'écouler sur sa robe blanche, ce qu'elle savait comme un sang mauvais.
Il s'en était allé, sans se retourner, sans même l'embrasser une dernière fois. Il s'en était allé parce qu'il ne lui pardonnait pas.
On l'avait rendu fou et cette folie avait pris place sur l'échafaud.
Et comme un fou, il a crié COUPABLE.
Et comme un fou... Il a perdu la tête.

¤ Cat ¤ 28/06/2016

vendredi 17 juin 2016

Et nous nous retrouverons dans nos silences
Muets de ces cris qui dormaient sur nos lèvres
Comme deux enfants échappés du zoo de la vie
Nous nous retrouverons
En bord de précipice

Aveugles d’une lune sanglante
Face à face
Nous compterons les étoiles dans nos têtes
Déprimées

Nous nous retrouverons

Et sourds des murmures de la terre
Le vide tout autour de nous
Sur le fil d’un rasoir trop aiguisé
Nous nous trancherons les restes de nos pensées

Nous nous retrouverons sur la plus haute falaise
Le vent en puissante bourrasque
Pour nous empêcher de sentir
De respirer

Odeur exquise d’une mort certaine

Mais il nous restera le toucher
Et nous nous ressentirons en bout de peau
En bout de main
Nous nous retrouverons alors
Et nous ferons l’amour
Celui de l’interdit
Celui du grand vertige
Avant de s’envoler
Libres
Libres et reposés

Avant de s'envoler
Et de mourir
L’un en l’autre
Dans nos silences.

¤ Cat ¤ 17/06/2016

vendredi 10 juin 2016

Souvenirs... Ou pas !

Je me souviens des silences qui vomissent le soir
Des fantômes qui frôlent la trop faible lumière des couloirs
Je me souviens…
Et ces draps blancs qui m’écorchent la peau
De leurs frêles caresses en vilain jeu de maux

Je me souviens du tragique grincement des chariots
Qui « sourdine » mes tympans en écho de cerveau
Je me souviens…
Et l’odeur de la mort qui lacère mes narines
Entre mille sueurs et deux flaques d’urine

Je me souviens de tous ces sourires des personnes que je ne connais pas
Et je vois dans leurs yeux les larmes fragiles de ce que je ne comprends pas
Je me souviens des baisers sur mon front qui n’effleure pas mon âme
Parce que je ne sais pas, je ne sais plus et que je me fiche de mes drames

Je me souviens…

Je me souviens de demain parce qu’hier n’est plus
Et qu’aujourd’hui mon regard dans l’oubli s’est perdu

Je me souviens…
Je me souviens que je ne me souviens plus.

¤ Cat ¤ 09/06/2016
Les anciens abattoirs transpirent leur froid
Sur l’hiver qui sommeille en bordure de bois
Les carcasses de béton étouffées dans les bras des ronciers
Sont devenue les abris des vieux loups carnassiers.

L’hirondelle en vacance ne fait plus le printemps
Elle a peur du chasseur qui s’approche lentement
De l’infrastructure trop fragile qui s’épouse de la terre
Et qu’un simple coup de vent peut changer en cimetière

L’homme et l’animal équidistant l’un de l’autre
Les bourrasques d’hiver dansent le gel sur l’épeautre
Et s’écoule la source en eau claire divine
Sous le pont souvenir où s’abreuve l’ondine.

La flèche de l’archer dans le cœur de la bête
Lui raconte l’histoire du sang des poètes
Il voit surgir sa mort comme jaillissent les eaux cachées du fond des troglodytes
Et il l’entend lui murmurer les mots sucrés des caresses maudites.

La lune défigurée en perpétuelle rénovation
Lui pleure son étoile qui dévergonde son nom
Plus jamais le vieux loup n’hurlera ses sagesses
Il s’endort simplement sur la fin des promesses.

¤ Cat ¤ 08/06/2016

Bleu terre

Bleu terre

Elle a la gueule de travers
Dévorée par ces maux bien plus froids que l’hiver
Une lune vulgaire
En gerçure profonde sous l’arcade sourcilière

Elle a la gueule des mauvais jours
De ceux qui ne riment plus avec l’amour

Et son sourire à l’envers
Crache le sang sur l’autel des prières
Sous le fard à paupières
Le « beurre noir » ne s’endort qu’au dernier coup de colère

Elle a le sourire à rebours
Retourner et creuser comme un champ de labour

Elle dégueule ces couleurs éphémères
Que les poings assassins ont dessiné sur ses chairs
Sous ses yeux le trait fin d’eye-liner
En parade noirceur aux beautés de l’enfer

Elle a le regard en contre-jour
Et personne ne voit ses appels au secours

Elle a le visage recouvert
Des violences bestiales d’un mari tortionnaire
Sur ses joues… Les larmes de verre
Qui s’écoulent trop paisibles comme l’eau des rivières

« Tic-tac » le compte à rebours
Demain ne sera pas un mauvais jour

Elle a la grimace mortifère
Du mascara pour masquer la mascarade trop amère
Une main sur le revolver
Ses douleurs enterrées dans un vieux cimetière

Un dernier petit tour
Un point de non-retour

¤ Cat ¤ 03/06/2016



La femme qui pleure – Pablo Picasso (1937)