L'hiver chante son froid à travers les branches des arbres.
Une musique lugubre dégoulinante de mélancolie et de macabre
Sur le sol humide, les feuilles s'entassent autour du corps recroquevillé de l'homme qui attend
Il a froid et il a peur, et l'oiseau de nuit, l'oiseau de proie de l’effleurer dans son tourment.
Voici des jours qu'il marche, qu'il court dans ce dédale de ronces et de buissons
Des jours qu'il fuit la mort, la sienne, celle des autres, des jours qu'il tourne en rond
Les arbres sont tous les mêmes, ils ne sont qu'un dans la forêt
Les arbres sont tous les mêmes, ne chuchotent plus, restent muets.
Dans le brouillard glacial, il espère la lumière, il espère son pays.
La neige craque sous chacun de ses pas et le son d'un violon qui accroche la nuit
L'épaisse chevelure des feuillus inquiétants lui refuse le ciel
Il n'en voit que des bouts, il n'en voit que des bouts sans soleil.
La douleur écrasante l'empêche de respirer sous son long manteau bleuté
Et dans ses lourds brodequins, des engelures carnassières lui nécrose déjà les pieds
Les loups sont affamés, il les entend se rapprocher, il les entend claquer leurs crocs
Les ombres se bousculent et le silence s'enfuit dans un dernier écho.
Sous la voilure d'un crépuscule trop sombre, il ne voit déjà plus les étoiles briller.
Il les as pourtant compter et recompter, pour ne pas tomber, pour ne pas abandonner
Mais le ciel de commencer à pleurer des larmes douloureuses et glaciales
Ses membres engourdis, fissurés, crevassés, se résignent alors du combat déloyal.
La forêt, comme un immense cimetière, les troncs des arbres comme autant de croix,
Aucun son de cloches pour lui rappeler les hommes, il n'a plus peur, il n'a plus froid,
Aucun son de cloches, juste le cri du vent pour le ramener à la terre, un dernier cri,
Et sous les paupières mi-closes du trop jeune soldat, le gris dans l'oubli à jamais endormi.
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