Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

mardi 7 décembre 2021

 

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux.

Pas parce que j’ai peur de ce que je pourrais voir - ou ne pas voir.

J’ai déjà vu tout ce qu’il y avait à voir.

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux parce que je suis fatiguée. Terriblement fatiguée. Mes paupières se sont refermées sur d’impensables pensées. Elles ont mordu les poussières obscures et sont tombées KO sous les trop nombreux coups du sort. Elles se sont refermées. Et je ne trouve plus cette lumière qui dessinait parfois sur mon visage, cette ride géante que les autres appellent « sourire ».

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. Je garde les larmes qui goutte à gouttes forment cette rivière où j’aime tant me laisser emporter. M’emporter loin, aussi loin que mes rêves savent nager.

… Bien plus loin encore, et peut-être m’y noyer.

Je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux. J’ai déjà vu mon monde s’effondrer une première fois. Les débris d’une vie au milieu des cendres d’un passé qu’on ne peut plus oublier. Je l’ai vu s’effondrer, et je l’ai pourtant reconstruit. Sans doute trop vite. Beaucoup trop vite. On ne rebâtit pas toute une vie sur des fondations trop fragiles. On ne rebâtit jamais rien de toute façon, on prend simplement ce que le destin veut bien nous laisser sur le bord du chemin. Moi, je ne veux plus rien. Je ne demande plus rien. Je veux juste qu’on me laisse nourrir ma mort comme d’autres se régalent de leur vie anorexique.

Je n’ai plus envie d’ouvrir les yeux. Hier encore, je voulais croire que demain n’était pas juste demain, qu’il était un peu plus que tout ça, qu’il était un espoir, une renaissance. Mais je sais aujourd’hui que rien n’existe vraiment, que je n’existe pas moi-même. Alors pourquoi ouvrir les yeux ? Je veux vivre en dedans et marcher dans un imaginaire que je n’ai pas encore inventé. Je veux vivre dans l’ailleurs, là où les monstres ne sauront pas me trouver. Je veux vivre l’oubli.

Laissez-moi oublier.

Laissez-moi fermer les yeux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire