Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

mercredi 15 décembre 2021

 

Je n'aime pas les gens,

Ils m'indiffèrent,

Vous m'indifférez.

Vous n'êtes que ces pions malchanceux sur l'échiquier de la vie posés en désordre sur une vieille table bancale. Une table qui n'attend qu'un petit coup de vent ou un geste maladroit pour s'effondrer lourdement sur un carrelage trop froid.

Je n'aime pas les gens, et je n'ai pas le temps d'attendre la maladresse de ce geste pour voir leur vie s'éparpiller sur le sol. Je préfère être ce geste. Je préfère être celle qui restera debout, jusqu'à ce qu'un autre balance un coup de pied dans la table ou repose mon échiquier.

Je n'aime pas les gens, je n'aime pas leurs mains. Des mains égoïstes, des mains pathétiques, des mains qui font semblant de vous rattraper et qui vous lâchent au moment même ou la chute devient trop évidente, des mains tremblantes, des mains usées. Des mains qui m’agrippent, me griffent, me saignent. Des mains sales, dégoûtantes, gerbantes, mais aussi quelques mains amicales, empathiques, aimantes. Des mains que je ne vois plus depuis ma toute dernière déchéance. Et je m'en fous.

Je n'aime pas les gens. Ils sont menteurs, manipulateurs, égocentriques et souvent totalement stupides. J'étais comme eux avant. Avant. Aujourd'hui je suis pire. Nue devant mon miroir, j'ai longtemps été ce pantin déséquilibré qui s'acharne à se couper ses fils avec de vieux ciseaux rouillés, pendant qu'un hideux crapaud biblique s'amuse avec perversité à me les rattacher un à un, encore et encore, me jetant à la gueule, un semblant de liberté. J'ai souvent pensée à me crever les yeux avec cette paire de ciseaux, mais la voix dans mon reflet me chuchote inlassablement de me retourner. Une voix envoûtante, hypnotisante qui m'accroche mon cerveau déjà perdu dans quelques notes planantes de Tangerine Dream. Alors je me retourne, comme à chaque fois, et je redeviens pion sur mon échiquier faisant tomber au passage quelques tables bancales.

Je n'aime pas les gens. Ils font toujours la gueule, même lorsqu'ils sont heureux.

Je ne les aimes pas. Ils me le rendent bien. Souvent, je ramasse ceux que je trouve, et les mains grandes ouvertes, je les regarde s'entasser sur l'une de mes paumes. Parmi eux, des visages connus, des visages inconnus, des sans-visage. Ils ont tous peur. Ils ont raison. Alors commence la symphonie funèbre de mes applaudissements. D’abord en rythme saccadés, puis de plus en plus rapide, de plus en plus fort, écrasant tous ces gens entre mes deux mains autrefois empathiques. Ils hurlent, mais mon esprit n'est déjà plus là pour les entendre. Leurs os craquent, leur sang coule... et J'aime ça. J'aime même foutrement bien ça !

Je sais ce que vous êtes en train de penser. Vous vous dîtes que je suis folle. Bien sûr que je le suis. Complètement, irréfutablement, indéniablement... poétiquement. Dois-t-on me passer à l'échafaud à cause de cela ? Dois-t-on m'assassiner comme on a assassiné tous les rêveurs ?

Bien sûr que oui, parce que si ce n'est pas vous qui m'effacez, c'est moi qui le ferais, avec toute cette haine vicieuse que j'ai accumulé durant toutes ces années de silence. Le monde emprisonne, torture, fusille tous les fous, les paumés, ceux qui sont différents de par leur couleur, leur sexualité, leur croyance. Et nous nous retrouvons tous dans l'enclos des fous, nous agonisons, nous hurlons, nous mourrons, sous l’œil indifférent de ceux qu'on croyait humains. Mais l'humanité n'est plus.

Alors je laisse glisser lentement mes rêves et je prend tout naturellement place... dans ma folie.

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