Elle a les yeux gris
Les yeux des mauvais jours
Ces jours sans fin, ces jours sans bruits
Ceux qui la poursuivent toujours jusque dans ses rêves trop lourds
Elle a les yeux ternes
Transparents jusqu’à les effacer
Et juste en dessous les morsures de ses cernes
Comme la marque des fatigues pour ne pas oublier
Elle a le corps usé et le moral abîmé
Tant d’années à écouter les silences de leur triste solitude
Les soigner, les aider… et les voir s’en aller
Trop d’années à s’écorcher dans les mêmes habitudes
Elle a souvent les yeux vides
Vidés d’avoir trop pleuré les soirs d’épuisement
Quand leurs souffrances se dessinent sur leurs visages livides
Et se crayonnent dans ses cauchemars dans un décor de noir et de blanc
Et pourtant au milieu de toutes ses rides
Elle accroche chaque jour sur ses lèvres un sourire
Un sourire pour fleurir leur désert trop aride
Un sourire pour guérir juste un peu leur envie de mourir
Elle a les yeux bleus parfois
Bleus de vivre dans les leurs comme une lueur de reconnaissance
Entre deux larmes de lassitude et les petits et courts instants de joie
Qui lui donnent chaque matin la force de se lever malgré son impuissance
Aujourd’hui on applaudit, on dit merci
Mais rien n’efface les nuits sans lune et sans étoiles
Toutes ces manifestations inutiles où se sont perdus ses cris
Pour un peu de chaleur dans un monde glacial
Aujourd’hui, elle a encore les yeux gris, les yeux usés
Mais elle continue d’avancer dans les longs couloirs blancs
Pour un sourire, même timide, dans le regard des personnes âgées
Et leur donner la main pour soulager leurs tourments.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire