Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

mardi 24 novembre 2015

Et ces autres jours qui ressemblent à dimanche

On se croirait dimanche avec ce bruit de cloches qui hurle dans nos têtes. Et dehors, le silence s’est pavé de la rue pour se fuir dans nos pas. Le rêve a explosé sous la ville en colère, les terrasses ont pleuré le vide sur nos pensées. Plus rien ne bouge. L’oiseau ne chante plus, le vent a disparu. On ne parle plus de guerres, on ne parle plus de haine, on se tait de l’amour. On traîne nos souliers, comme on traîne un boulet, a force de cheville qu’on ne cesse de briser. Certains marchent pieds nus pour oublier la mer, qui meurt jour après jour noyée sous les cadavres. Le sablier du temps s’écoule dans nos veines, comme un mauvais poison qui tue les sentiments.
On se croirait dimanche avec ce bruit de cloches qui résonnent dans nos rues. Les prisons ont craché ce que l’on ne veut plus, et on reste là, à regarder mourir nos enfants devant leurs écrans noirs salis de nos naufrages. L’hiver ne viendra plus, les arbres l’ont figé sous la glace d’un demain que l’on ne verra pas. Et j’ai croisé le regard d’un requin en chemise, j’ai lu son sourire dans sa faim de profit. Et j’ai su. J’ai su que sa cravate d’aujourd’hui, serait sa corde de demain. Il se balancera, au milieu de centaine d’autres, dans la cour des écoles désertées du savoir. Les pantins pathétiques à moitié dévoré par les flammes gigantesques du brasier de nos livres. Et, danseront sur les murs, en valse comique, l’ombre de nos désillusions, tourbillon désolé.
On se croirait dimanche, les corbeaux déguisés s’apprêtent au festin dans nos églises fermées. Ils ont tué leur Dieu et vomit sur nos tombes, les restes d’un enfant planté sur une croix. L’oiseau de cendre, grimé en charognard, dévore nos pupilles sur l’autel bombardé. Et nous voici plongés, dans cette obscurité qu’on nomme indifférence et qu’on voudrait cracher dans un confessionnal pour le dernier pardon. Et j’ai vu tous les anges qui s’arrachaient leurs ailes parce que depuis longtemps, ils ne croient plus en nous. Je les ai vu mourir sous les ruines de notre foi, lâchement ensevelis contre un baiser du Diable.
On se croirait dimanche, mais il n’y a plus de messes. Les curés sont partis en colonie de vacances pour apprendre aux enfants quelques jeux trop vicieux. Et la bible souillée du liquide des jouissances se sait abandonnée sous la soutane incestueuse. Les cloches crient la sentence, mais l’Homme n’en veut pas. Elles coupent alors la corde du pendu défroqué et tintent dans nos cerveaux pour nous chanter la culpabilité.
On se croirait dimanche, la famille réunis à la table du Roi, s’empiffre de la dinde fourrée de ces coutumes, qu’à force d’habitudes, on ne connaît même plus. Et certains se dégueulent des discours politiques, que les chiens vagabonds ramassent à coups de langues, heureux de cette pitance qui les fera crever. On se croirait dimanche, les poubelles sont pleines des restes indigestes qu’on promet aux plus pauvres pour qu’ils se taisent et qu’ils meurent sans bruits. Et devant nos yeux gris, les enfants faméliques de ces terres lointaines, divertissent nos larmes qu’on essuie bien trop vite parce qu’un bout de la crise viens frapper à nos portes. Et lentement, le vin s’écoule dans nos gorges pour nous faire oublier les sécheresses des rivières et les pluies disparues.
J’ai vue la Terre mourir, étouffée sous nos milliards de déchets. Je l’ai vu disparaître dans un souffle de cellophane sous les fumées noires d'un tragique goudron, et personne n’était là pour le dernier adieu. Personne.
On se croirait dimanche, un dimanche comme les autres, et les cloches se sont tues.

¤ Cat ¤ 24/11/2015

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