Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

vendredi 9 octobre 2015

Un vieux ticket de métro

Il est de ces histoires qui n’existent que grâce à un « il était une fois ». Des histoires à conter ou à se raconter. Des histoires qu’on écoute le soir en veillée devant un feu de cheminée, les visages illuminés aux flammes de clarté, qui, dans la magie de cet instant, dessinent sur les peaux des sourires silencieux. Ces histoires qui se sont oublié des livres de contes et qui ne s’écrivent que dans les cœurs de certains hommes à l’encre rouge de leur sang. Ces histoires qui traversent le temps… Le temps d’une vie.
Il croyait à son histoire. Pourtant, elle n’était qu’une histoire parmi cent mille autres histoires. Un grain de poussière dans l’immensité d’une terre éternelle qui vivait ses souffrances. C’était un rêveur, mais il n’était pas dupe. Il savait son histoire aux douceurs de sa mémoire, endormie simplement comme l’enfant dans son rêve. Il savait qu’il l’emporterait avec lui, dans le cercueil de l’oubli, quand la mort, un jour, lui soufflera ses pensées.
Et pourtant…
Il voudrait prendre le temps de s’asseoir un instant, sur les marches usées de la vieille maison de ses parents. Là, où tout à commencer. Là, où tout finira peut-être. Prendre le temps de respirer une fois encore le parfum doux de ses racines profondes, qui se sont coulées dans ses veines comme une sève de vie, pour lui permettre d’être ce qu’il est aujourd’hui. Et prendre la main de ses petits-enfants sous la caresse délicate de l’alizé printanier, les regarder tout simplement et leur murmurer : « Il était une fois… ».
Il a rêvé sa vie. Il l’a parfois bousculé, malmené. Mais il l’a toujours aimé. Il fait partie de ces personnes qui n’ont pas de regrets. A quoi servent les regrets de toute façon, si ce n’est à vous empoisonner, toujours un peu plus, l’estime qu’il vous reste dans les tréfonds de vos entrailles ?
Son histoire n’a rien  d’extraordinaire, mais c’est son histoire. Il est le baroudeur de ses nuits, accroché aux larmes des guitares qui pleurent le rock dans ses plus belles mélodies.  Un vieux loup de mer sur son bateau qui attend impatiemment les nouveaux vents pour s’éloigner de ses rivages aux puanteurs d’une prison. Un jour, en écoutant le cœur d’un coquillage, il a senti la mer lui caresser quelques bouts de son âme. Depuis, il rêve la mer.
Mais son histoire ne serait plus sans elle. Elle, dont il ne parle plus depuis longtemps, mais qu’on devine son nom sur l’effleure de ses lèvres, comme un baiser à jamais gravé sur sa chair. Il pense à elle pourtant. Tout le temps. Une manière à lui de ne pas oublier ce qu’il a, un jour, perdu dans une faiblesse ou une stupidité d’homme, ces valeurs qu’il pensait ne jamais pouvoir trahir. Il s’interdit de la blesser à nouveau, de la prendre dans ses bras, mais s’autorise à s’infliger l’électrochoc vicieux de ses souvenirs de bonheur avec elle, comme un lent suicide dans son cerveau. Elle est, et restera la femme de sa vie, mais n’accepte plus son amour. Il ne le mérite pas. Ne le mérite plus depuis longtemps.
Le timide soleil de cette journée d’automne est sur le point de s’endormir. Il roule tranquillement sur une petite route de campagne qui le ramène dans son sanctuaire de pierre, où il a libéré naturellement sa conscience pour se survivre à demain. Derrière les vitres de sa fourgonnette, il fredonne, de sa voix lacérée aux nombreuses cigarettes fumées, l’une des plus belles mélodies de James Blunt, tout en pensant à elle. Encore. Toujours.
Dehors, la rosée s’installe sur les courbes des herbes et se glisse lentement sur une terre sculptée aux pas de la Nature. Et soudain, comme un bourdonnement dans son crâne, comme des milliers de bourdonnements : il se souvient. Il s’arrête sur le côté de la route, là où le goudron épouse la végétation, et fouille dans son vieux portefeuille de cuir noir pour en sortir un minuscule bout de papier.
« Il était une fois, un homme aux solitudes sensibles, qui fixait un vieux ticket de métro, sur lequel était griffonné d’une main féminine… Un audacieux mais tendre « je t’aime »… ». Il était une fois, cet instant figé, où la douceur d’un sourire se devinait simplement sous une barbe grisonnante ».

Il est de ces histoires qui ne vivent que dans nos cœurs. Des histoires qui s’effacent avec le temps et qui meurent dans nos cendres. Il est de ces histoires qui, un jour, aux croisées d’un destin, se racontent simplement sous le coup d’une émotion soudaine et continues de vivre sous la plume d’un ami.

Il est des histoires qui ne se racontent qu’une seule fois. Des histoires qui commencent par « Il était une fois… ». 

¤ Cat ¤ 08/10/2015

3 commentaires:

  1. Ticket souvenir pour ce métro, Amour d'hier soirée émotion , pour une histoire à soi... <3 §§§

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    1. Une histoire en partie réelle... Une belle histoire aussi. Quelques mots griffonnés qu'on croyaient oubliés... Et pourtant... Toujours là, dans une poche de portefeuille, comme inconsciemment laissés là...Justement... pour ne pas oublier. Merci Didier pour avoir pris le temps de commenter. <3

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