Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

jeudi 9 novembre 2023

Un + Un

 Encore un parmi les « uns »

Un de plus, pas un de moins

Mais toujours un de trop

Un de ces trop qui débordent des statistiques

et qui finissent par s'écouler dans les trous noirs

sans que personne ne les remarquent

Encore un

Un de plus sur la table des opérations

Glaciale

devant lui, un vieux singe matheux stupide et borné

qui le dissèque, qui le soustrait à grand coup de crayon

lui laissant sur sa peau froissée

les traces impudiques d'un résultat bidon

les traces d'un calcul froid

comme la preuve indiscutable

que c'était juste la bonne formule

La solution parfaite

Se dis-culpabiliser

aux yeux des rêveurs


Un + un + un

Qui font toujours un

et l'addition des « trop fragile », des « trop malade » des « trop vieux » et des « trop tard »

Pour soustraire tout les « possibles », les « efficaces » et les « utiles »

Pour soustraire un reste d'humanité


Comme des vieilles carcasses

qu'on brise, qu'on écrase, qu'on broient

qu'on jette dans un charnier de ferrailles

et qu'on laisse là

parce que devant les portes du néant

se bousculent déjà d'autres vieilles carcasses

qui attendent sans bruits

qu'on les brise, qu'on les écrase et qu'on les broient


Et tout en haut

les demi-dieux qui claquent leur puissance

au bras des opulences

qui claquent leur indifférence

sur un lit de papiers colorés

qu'ils prélèvent chaque mois

dans les vieux corps usés

les vieux corps abusés

les maintenir un peu en vie

pour encore plus de bouts de papier coloré

Et tout en haut

Leur rire de mépris

Qui résonne dans les longs couloirs sanglants

Brisant en écho

Les derniers cris d’espoir

Les derniers hurlements du désespoir


Et puis il y a les autres

Ceux qui ne comptent plus

Parce qu’ils n’en n’ont plus le temps.

Ce temps qui les déshumanise

ce temps qui les divisent souvent

sans vraiment les soustraire

aux regards implorants.

Ce temps qui les rend fous.

Fous de courir pour donner un peu de chaleur

la chaleur d’un corps, d’un geste ou d’un sourire

Fous de courir pour n’offrir finalement

que la chaleur d’un enfer

au milieu d’une puanteur algorithmique.

Depuis longtemps ils ne comptent plus

Parce que pour eux

un plus un feront toujours des centaines

feront toujours des milliers

et que pleurer ne suffit plus

à les garder vivants

dans les mémoires des suivants


Encore un parmi les uns

sur cette table trop froide

où dormait juste quelques heures avant

un autre un

déjà analysé sans aucune mesure

et toujours les mêmes gestes

qui n’additionnent que des comptes rendus

sans jamais se rendre compte

que, finalement, ça ne sert à rien
un mauvais jeu de décompte

un triste compte à rebours

parce que tout le monde s’en fout

et que les vieux fous sont trop vite oubliés

dans leur mètre carré

qui n’ont plus de racines

à se rêver un sourire

à se rêver une dernière dignité

juste avant de s’endormir

sur la table trop froide.


¤Cat à Strophes 08/11/2023

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire