Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

mercredi 22 novembre 2017

Errance

Il avait beaucoup changé depuis qu’il avait été trahi. Lui, le saltimbanque d’un monde qu’il aimait piétiner de ses pas musicaux, le troubadour amoureux qui rêvait les couleurs sur les murs gris des villes. Il avait beaucoup pleuré aussi. Tout au début. Des larmes fragiles qui lui avaient laissées sur les lèvres les tempêtes salées des océans trop lointains, de ceux qu’il noyait le soir dans le profond de ses yeux. Il avait même pensé mourir une fois, mais la mort n’était pas mère nourricière et aujourd’hui, bien plus que jamais, il était affamé.

Il avait beaucoup changé. La souffrance qui s’était emportée jusqu’au cœur même de ses entrailles, s’était peu à peu figée dans la glace, ne laissant à son âme qu’une intense et amère froideur. Lui, le poète baladin qui savait pourtant réchauffer les sourires les plus tristes, ceux qui pensaient mourir dans les cœurs gelées.

Mais il avait été trahi. Et depuis ce jour-là, il ne comprenait plus le monde, n’en avait plus envie. Il s’était pensé indéracinable et il était à présent, gisant comme un arbre mort au milieu d’une forêt de mensonges. Un tronc se vidant peu à peu de sa sève de vie, mais qui, goutte après goutte, nourrira de sa haine les terres alentours. Celles-là même, qui l’avait vidé de sa confiance, alors qu’il y croyait encore.

Le bohème n’était plus, il avait laissé le vent lui murmurer « vengeance » et ne voulait plus entendre les cris de sa raison. Il avait quitté son chemin de vie où étaient enterrées aujourd’hui ses plus grandes valeurs et vagabondait à présent, seul, sur la grande route des revanches. Et à chacun de ses pas, lourds de mépris, une fleur mourait, ne laissant derrière elle qu’un parterre de croix.


Retourne-toi polichinelle de rue et vois le carnage désolant que ta haine a semé. Retourne-toi et lèves les yeux au ciel. Là-haut, les étoiles pleurent, celles que tu écoutais chanter et qui berçaient ton cœur les soirs de quiétude. Regarde-les et sèches leurs larmes avant qu’il ne soit trop tard.

¤ Cat ¤ 22/11/2017

2 commentaires:

  1. Tu nous livres là un texte fort ! La trahison peut avoir des effets dévastateurs pour qui la subit pour peu qu'il soit sensible et c'est ainsi que les troubadours deviennent des bourreaux ! j'adore les trois dernières lignes qui s'ouvrent sur un petit espoir, tout n'est pas fini pour peu qu'il lève les yeux ! Aussi ma Minette CHAPEAU A RAS DE TERRE pour ton récit si pertinent qui laisse à méditer ! bisous et douce fin de journée loin de ce monde frelaté ! à bientôt et merci !

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