Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

vendredi 3 juillet 2015

La fantastique psychose d'une névrosée et d'un schyzo


Elle écrase sa cigarette sur la paume de sa main. Ses lèvres arrachées ne savent plus crier. Sous les cendres brûlées se dessine l'été, cicatrice grisée en sourire oublié. Quelques gouttes de vent, en chemin sur ses doigts, chasse dans son souffle, la poudre brûlante. Elle la voit s'envoler, en légère tristesse, comme s'envole la coccinelle pour s'embrasser au ciel.
Il la voit allumer une deuxième cigarette et ressent la fumée capturer ses narines. Une odeur de passé au visage de son père qui s'invente un sourire sous le clos de ses paupières. Et il rêve d'arracher, le mégot rougeoyant, pour goûter à ses lèvres déposées furtivement sur le filtre. Un filet de salive, qu'il imagine sucré, sur sa bouche gerçurée aux sécheresses narcotiques.
Il la regarde planer dans le fond de ses yeux vides, mais la voit danser dans son bout de miroir brisé. Elle reflète la grâce figée des petites ballerines dans leur boite à musique, et lui seul à la clé pour la faire vibrer.
Le parc est magnifique quand les fleurs se dessinent en sourires colorés, et le temps suspendu quand le saule élégant pleure son ombre sur leurs têtes évadées aux pensées d'un ailleurs. Le silence est bruyant, il voudrait plus de rires d'enfants, plus de vies chuchotées. Le calme de ses trop longues journées sont un cri assassin dans leurs crânes fatigués. Le silence est bruyant parce qu'il vit de leurs mémoires et certains souvenirs devraient parfois rester dans le noir.
Et l'autre…
Le blanc de sa blouse tâché de leurs baves ne reflète la lumière que d'un ciel trop pâle. Il est là sous son arbre à flâner au silence. Un silence apaisant qui l'invite chaque instant à rêver de son monde souriant. Loin, très loin de ces morts-vivants, aux symptômes différends, qui frôlent, en légèreté spectrale, le petit bout de pelouse, symbole de leur quotidienne liberté.
Et puis Clarisse, Marie, Jean-Pierre, Michel, Abdel… Ces enfants de l'oubli qu'on laisse un peu mourir dans les murs cracheurs d'indifférences. Ces murs qui dévorent leurs âmes et qui les broient dans leurs puissantes mâchoires illusoires, pour les vomir vide et dénudé de tout ce qui les rendaient vivantes. Ces mêmes murs qui respirent leurs cris, et qui les insufflent vicieusement, comme le souffle du diable moqueur, jusqu'aux cellules voisines. Un peu plus de souffrances dans leur sommeil sans rêves.
Elle écrase sa cigarette sur la Mort gravée à l'encre noire d'un passé difficile. Le tatouage rebelle d'une enfance suicidée à l'aiguille infectée. La brûlure déchire la mâchoire squelettique, et lui impose alors un étrange sourire. Même la faux a coulé son obscur tranchant sur le bout de sa peau qui ne sait plus souffrir. La pluie neuroleptique lui a lavé ses larmes dessalées et elle vomit la nuit en somnifère dans son morbide ennui. Quelques pages arrachées d'un vieux conte de fées, gisent ensanglantées dans le fond de son coeur. Le reste du bouquin a parsemé ses cendres sur les regards crevés des autres endormis.
Et lui…
Il est le seul à savoir la toucher. Souvent, il camisole son désir pour la tenir simplement serré contre lui. Ses mains ne cherchent que la douceur de ses cheveux, pourtant cassés à force de se les arracher. Son odeur même l'enlace dans les profondeurs de son rêve. Son cerveau assassiné à grand coup de médicaments bleutés, laisse parfois passer un rayon de lumière où il s'entend l'amant heureux aux embrasses d'une mer sensuelle.
Et ses longues années à fouler le carrelage trop blanc de l'asile, comme un fantôme errant au milieu d'un cimetière sans bruits, l'emportent chaque jour un peu plus jusqu'au néant abyssal, où son corps de pantin se caresse impudique, aux flammes de la bête.
Il la regarde écraser sa troisième cigarette sur un bout de peau encore vierge, à l'intérieur d'une cuisse, qui jadis, était blanche. Il voudrait ressentir cette douleur qu'elle ne semble plus éprouver. Mais elle n'a plus mal comme il n'a plus peur.
Ce soir, sa lune s'est pendue au fil de ses étoiles.
Et demain, quand Sonia, Robbie, Chloé et les autres, cesseront de crier l'obscurité et joueront la lumière sur les chemins du vieux parc, les oiseaux chanteront le printemps sur les branches du saule qui coulera son ombre sur un autre elle, un autre lui… Perdus dans leur délire onirique.

- Cat - 03/07/2015


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