Ils sont là
Assis dans leur carrosse d’aluminium
Dans l’attente de rejoindre la salle du bal macabre
Pour y danser peut-être leur toute dernière valse.
Ils sont là
En file indienne et ils attendent.
La piste n’est pas grande
Mais pleine de belles étoiles
Qui voudraient scintiller
Ailleurs que dans les limbes du souvenir
Qui voudraient briller dans un bout de ciel gris-bleu
De celui qu’on dit si merveilleux.
Il est là
Dans un coin sombre de la grande pièce
Coincé dans sa combinaison spatiale
Qui le serre, l’enserre, l’étouffe
Qui l’empêche de bouger
Qui l’empêche de toucher
Les étoiles qui dansent.
Ils les regardent
Mais ne les voient pas
Il les entend
Mais ne les écoute pas
Il voudrait juste caresser la lune
Pour en oublier les brûlures du soleil.
Elle est là
Une belle au bois dormant
Dans son petit lit blanc.
Elle attend le baiser de son prince charmant
Pour enfin s’endormir
Pour enfin se laisser partir.
En attendant,
Les morsures des aiguilles
sur son bras cachectique
Pour un semblant de vie
Et quelques souffrances de plus.
En attendant
Elle respire dans un tube en plastique
L’espoir de le voir arriver
Celui qui l’apaisera.
Il est là
Le Petit Poucet dans son pyjama d’enfant
Qui sème derrière lui
Des miettes de pain
Pour retrouver son chemin.
Mais les oiseaux en tenues colorées
Perchés sur leur balai
Picorent ces restes abandonnés
Pour un semblant de propreté
Sur ses sols déjà tant usés.
Alors le Petit Poucet
Perdu dans ces longs couloirs
Marche, recule, reviens sur ses pas
Et attend.
Il attend un passant
Qui le prendra peut-être par la main
Pour le ramener chez lui
Ou l’emmener plus loin.
Elle est là
La petite Alice dans son pays des merveilles
Elle ne sait plus vraiment qui elle est
Mais elle s’en fout parce qu’elle est bien
Elle sourit
Elle sourit tout le temps
Et ça lui va bien.
Elle voit des chats et des lapins
Elle voit des fleurs dans un jardin.
Parfois, elle a mal
Elle ne sait pas comment le dire
Alors, elle sourit
Et elle attend.
Elle ne sait pas ce qu’elle attend
Mais elle attend.
Tant que les oiseaux continuent de chanter dans sa tête...
Il est là
Le Peter Pan autrefois si vaillant
On l’a mit dans une barque
Pour qu’il rêve l’Océan
Et il rêve l’Océan.
Il navigue son âme
à travers les eaux bleues
Et voyage ses pensées
Sur ses plus beaux abordages.
Parfois, il voudrait toucher l’eau
Et rejoindre les sirènes qui lui chantent de se laisser sombrer
Mais deux longues barrières l’empêchent de tomber.
Alors, il attend ses enfants perdus
Qui viendront peut-être le sauver.
Il attend,
Mais personne ne vient.
Parfois, quelques pirates habillés tout en blanc
Viennent le bousculer, le tourner, le retourner.
Des petits gestes comme autant de coups d'épées
sur son pauvre corps fatigué
qui ne sait plus bouger
Il « larme » son regard
Pour qu’ils le laissent plonger...
Mais les pirates sont soumis aux lois du Crochet.
Alors, il remet son costume d’enfant
Et envole son esprit pour rêver l’Océan.
Ils sont là
Et ils attendent…
¤ Cat ¤ © 12/01/2024
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