Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

lundi 16 février 2015

Minaudage : Jusqu'en bout de griffes

Je traîne-savates dans mes galoches dans les rues sombres de ma ville. Je suis la nuit, noire et profonde que je souris en demi-lune. Sous la lumière des réverbères, mon ombre câline, caresse le pavé gris.

Ecoute mon pas velours qui feutre tranquille le sol humide…

J’aime l’obscur, le crépuscule. Je dors le jour pour me rêver aux nuits.

Les gouttes de pluie, larmes du ciel, claquent la chaussée en brume fine, au pas cadence d’un métronome endormi. Et je respire de ce silence qui frôle les murs furtivement, comme on soupire sous la caresse d’un amant.

Je me fuis sans cesse de ces vacarmes du jour. Les pas pressés de ces passants qui passent et qui repassent sans regarder, sans s’arrêter. Des pas stressés, des pas retards, des pas tout court. Les coups de klaxons bien énervés qui ne réveillent que quelques doigts levés. L’infernal brouhaha de mille conversations, et ces sonneries de téléphones qui sonnent et qui résonnent sans cesse dans nos oreilles. Les insultes, les agressions que plus personne ne voit. Madame coincée dans un tailleur qui l’empêche presque de respirer. Monsieur penché sur son journal à grignoter les faits divers. Et les enfants. Le cri de ceux qui s’opposent, du haut de leurs huit ans, à cette fatalité journalière qui les oblige à se rendre dans ces sinistres écoles, où le mot « éducation » s’est effacé des murs. Le rire aussi, de ceux, un peu plus manipulés, qui profitent de ces petits moments de liberté pour se raconter leur mercredi après-midi, assis dans leur canapé à se droguer de stupides dessins animés et à s’injecter dans le cerveau les ondes dévastatrices d’une publicité gerbante.

Oui… Depuis longtemps, je me fuis de ce vacarme de jour !  
 
Ma rue la nuit, c’est la lumière. Les feux crépitent dans les tonneaux. Pattes de velours sur les toits, je vois misère sous les cartons, j’écoute racler les sans-abris. Certains vomissent le mauvais vin qu’ils ont mendié dans la journée, et d’autres crachent sur le pavé les vieux mégots ramassés sur les terrasses des cafés.

Ma nuit, c’est la vie…  

Chat de gouttière ou rat d’égout, la nuit se goutte dans le secret. Je suis gourmand de ces souris en bas filé et talons hauts. J’ai l’appétit des grands festins, des mises en bouche, baisers sucrés, langue de chat.

Au fond des vieilles ruelles qui puent la pisse et le rejet, les portes closes s’ouvrent aux noctambules avides de plaisirs et de sourires. Ils ont laissé au jour, les plannings de vie, les préoccupations, les angoisses… Les tristesses.  

La nuit, tous les chats ne sont pas gris. Moi, je suis noir, noir, mais en vie. Je pousse la porte et je m’enivre de ces sourires trop maquillés mais qui vous laissent sur le col blanc la trace aimante d’un bel instant. Je me respire des fumées des cigarettes, de ces regards fiévreux qui vous invitent aux têtes à têtes. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat ? Ne vous fiez pas aux apparences et venez à moi, délicieuses petites souris ! J’aime la débauche. Je suis débauche. Je me régale de ces corps chauds à moitié nus qui se déhanchent sur la piste. La musique vibre dans mon corps et boum mon cœur. Elle me frissonne le poil et m’électrise le cerveau.

Ecoute le ronronnement de ma jouissance d’être dans la danse…

Vous me pensiez sagesse ? J’ai sept vies pour vous chasser !


Appelons un chat un chat : minou farouche le jour, je sors mes griffes la nuit, et n’ayez craintes belle proies… Je retombe toujours sur mes pattes.

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