Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

jeudi 28 janvier 2016

J’ai rêvé les terres gelées
Là ou la neige s’endort sous le pas des anciens
Et que dansent les feux des âmes qu’on n’oublie pas
Aux aurores boréales qui chatouillent les étoiles.

Les silences de la nuit ont repères dans les bois
Et les arbres pleurent des larmes de froid
Mais j’entends au-delà le sourire des vivants
Qui ne meurt qu’une fois la légende passée.

J’ai rêvé les terres d’hier
Là où le loup dessine sur la lune
L’ombre joueuse de son triste hurlement.

Traverser les forêts dans l’empreinte de ses pas
Et dormir un instant dans les bras de la meute.

J'ai rêvé ces chemins que colorent les traîneaux
Jusqu'au bord des rivières qui s'amusent de leurs eaux
Et qui courent sur les plaines...

Et l’hiver m’a glissé un baiser sur les lèvres
Que le vent me raconte en murmure de ciel froid
Sous la glace je respire l’éternel de mon âme
A jamais enterrée sous ces terres gelées.

¤ Cat ¤ 28/01/2016

Photo Henri Kniffke - Tout droits réservés -

jeudi 14 janvier 2016

Vieux serment

Te souviens-tu de cette promesse en bordure d’océan,
Quand le sable d’hiver chagrinait nos orteils d’un subtil frottement ?
Te souviens-tu d’avoir vu pleurer le ciel sur l’étreinte de nos corps ?
Des larmes de pluie déchirées comme dans un fragile désaccord.

Tu vas tellement me manquer…

J’avais froid sous l’hiver qui gelait mes frissons,
Mais blottie dans tes bras je rêvais l’horizon,
Et ta main sur ma peau comme la plume de l’oiseau,
Me chantait ses caresses au regard d’un piano.

Tu vas tellement me manquer…

Nous étions des enfants chevauchant ces mensonges d’avenir,
Sur les plages d’un présent que nous n’avons pas vu mourir,
Et le vent sur nos visages agonisait de ces promesses,
Qu’on se disait sans trop y croire comme un sermon un jour de messe.

Tu vas tellement me manquer…

Nous rêvions de vieillir ensembles… Nous ne voulons plus que survivre à demain,
Le miroir de nos vies s’est découvert tragiquement de nos rides ce matin,
Et tout ceci n’a plus rien à voir avec l’amour, je t’aime et tu m’aimes, les autres on s’en fout,
Et tout ceci n’a plus rien à voir avec nous, dans l’adieu on revit le silence des fous.

Et nous allons tellement nous manquer.

¤ Cat ¤ 14/01/2016

lundi 11 janvier 2016

Arc-en-bleu

Elle lit sur sa peau claire les maux violents d’un auteur amoureux. Des maux tordus et vicieux que la main assassine a frappé sur son corps.  Les larmes d’ecchymoses coulent d’une encre trop bleue comme un mauvais rimmel sur ses courbes fragiles. Elles dessinent la souffrance  entre ses cuisses déchirées, quelques gouttes de sang pour un jeu de couleurs.
Elle lit le thriller de sa vie sous ses paupières fermées d’avoir trop respiré les coups de poings voraces. Quelques lignes écrites comme un mauvais roman, où l’intrigue s’est perdue dans le mot de la fin. La cicatrice profonde sous l’arcade sourcilière, est la signature du poète sous la prose fracturée. Et la plume légère qui caressait le vent n’est plus que la main qui la blesse dans ses chairs.
Elle chuchote la douleur sous ses lèvres fendues, mais n’entend plus pleurer son regard disparu. Ses côtes ont creusé un chemin de fêlures que les pas de l’amant ont piétiné à grands coups, déposant à chaque fois, une trace noircit, comme un bout de fusain sur le fin papier blanc.
Il n’y a plus de place sur son corps pour écrire son histoire. Les dernières ratures sont les griffes du passé.
Tout est froid autour.
Le temps à saigné ses dernières blessures.
Nul besoin à présent de points d’interrogation, l’homme en blanc, lentement, termine son dernier point de… sutures.
Elle lit, accroché à son orteil de pied, le numéro d’identification qui la relit, pour quelques heures encore, au monde des vivants.
Exquis, le cadavre sur sa table d’autopsie…

¤ Cat ¤ 12/01/2016

dimanche 10 janvier 2016

"Et l'on s'aimera comme jamais personne ne s'est jamais aimé. On s'aimera à s'en crever des bouts d'âmes sur le lit de nos désirs. Entre les draps froissés, nos cœurs éparpillés en mille morceaux de verres. Griffés, lacérés, par les plaisirs... On s'aimera jusqu'au mourir..."

¤ Cat ¤ 10/01/2016

mardi 5 janvier 2016

Malemort

Tu voudrais nous faire croire ton regard d’autrefois
Mais chaque jour tu t’éveilles à l’envi de crever
Et ta main accrochée au revolver sous ton oreiller
Ne cesse de respirer son métal trop froid

Et tu t’accroches aux sourires des pantins suicidés
Qui bavent la haine comme on crache sa foi
Tu les vois s’empaler aux mensonges d’un roi
Bien planquer sous les toits d’un paradis truqué

Tu promènes ta déprime comme on traîne son chien
Au petit matin froid sous un ciel gris en ruine
Et le vieux réverbère te dégueule son urine
Dans une bouche d’égout où s’endort le Bohémien.

Tu voudrais oublier que l’enfer un matin
A germer tes silences dans tes veines labourées
Un destin trop fragile qui s’amuse à planter
De vieux clous rouillés dans l’absence d’un demain.

Et tu creuses ta tombe comme on meurt seul et vieux
Dans les restes d’un cauchemar que personne ne digère
Mais tu continues de faire croire que tout ça t’indiffère
Nous serons les maudits dans les règles de ton jeu.

Et t’écrases ta clope sur ta peau nécrosée
Tu la regardes se tordre sous les rires des médocs
Tu ne comprends plus, mais maintenant tu t’en moque
T’as figé ton sourire sous l’ombre de ton oreiller.


¤ Cat ¤ © 05/01/2016

lundi 4 janvier 2016

Félix

Sur le sol frémissant des premières pluies d’automnes, les feuilles silencieuses s’endorment déjà dans une mort qui ne leur appartient pas.
Les pas vagabonds de Félix frôlent ce parterre rouge et or, laissant une trace boueuse dans cette fragilité automnale. Le chemin tâché des brumes matinales parfume la terre aux nouvelles saisons et promet la quiétude aux trop rares promeneurs. Un pâle rayon de soleil se dessine entre les branches des arbres qui pleurent leur soudaine nudité, et le vent en froide caresse leur souffle ses baisers, là, où hier encore, l’oiseau aimait faire son nid. Félix, spectateur d’un jour, nourrit son regard du silence des forêts et respire la fraîcheur des mousses sur la pierre. Il ne sait pas vraiment où il va, mais il sait ces endroits merveilleux. Et c’est sans un bruit, qu’il s’adosse contre le tronc d’un  grand chêne à l’écorce vieillie aux ravages du temps. Il n’entend déjà plus la chanson des voitures valsant sur le goudron humide de la nationale pourtant si proche.
Félix est loin. Loin dans ses souvenirs. De ceux qu’on n’oublie pas. De ceux qu’on n’oublie jamais. Parce qu’ils sont cette étincelle d’espoir qui ranime la flamme de vie dans nos âmes bercées aux ténèbres trop sombres. Il retrouve ses années de Fac, où, étudiant parmi les étudiants, il rêvait déjà de liberté. Il retrouve surtout Julie. Ses grands yeux verts, trésor d’émeraude qui enfermait n’importe quel aventurier de l’amour, dans sa prison de verre. La douceur de sa peau au parfum de vanille de ces îles qui « vagabondent » de sable chaud dans les pensées d’océan. Son sourire lumineux aux éclats de toujours… Et la tendresse de ses baisers. Le goût sucré de ses lèvres sur les siennes, comme un nectar de rose sur les ailes d’un papillon. Il retrouve aussi ces heures féeriques, que son envie d’ailleurs, a oublié de vivre. Des minutes gâchées à rêver la bohème, des secondes perdues aux tréfonds d’un passé. L’intensité de ce bel amour n’avait pas suffit à Félix pour brûler avec lui, et c’est dans sa promesse d’un retour qu’il s’était envoler, tel l’oiseau des légendes, vers ces lieux inconnus, qu’on ne sait que rêver. Les grands yeux de Julie, blessés aux larmes d’adieu, lui promettait de l’attendre à jamais sur le bord du chemin. Il croyait l’avoir laissée là, au milieu de ses mille pensées, mais, au plus profond de lui, il savait qu’il l’avait tout simplement abandonnée dans sa solitude éternelle. Il savait qu’il n’était qu’un bateau quittant à jamais son port d’ancrage pour mouiller sa coque vers d’autres rivages. Il s’était échoué si loin d’elle et pourtant ne l’avait jamais oublié. Chaque semaine, ils s’écrivaient de tendres lettres où il lui racontait ses voyages et ses rencontres, où elle lui disait qu’elle l’aimait et qu’elle espérait toujours le retour de son bohémien aux pieds nus qui vivait les sourires au bord d’un grand feu.
Une brise légère comme un frisson sur sa peau le ramène déjà à la réalité. L’une des dernières feuilles du grand chêne se laisse tomber sur le bout de papier froissé qu’il tient entre les mains. Avec délicatesse, Félix l’écarte des derniers mots de Julie qu’elle cachait sous sa robe marron. Des mots fragiles. Des mots d’adieu. Un cancer qu’elle taisait dans ses lettres précédentes pour, disait-elle, ne pas l’obliger à revenir. Un cancer qui avait su attendre un tout dernier « je t’aime » pour lui voler alors son ultime souffle de vie.
De nouveau, ses longs cheveux bruns lui caressent le visage quand sa bouche féline l’embrasse fiévreusement. De nouveau, il respire son parfum de peau, comme une tendresse à jamais déposée dans le fond de son cœur. De nouveau… Son sourire. Un sourire qu’à présent, il ne sait plus voir, à travers les larmes qui se noient dans ses yeux.
Il lui avait promis de revenir un jour auprès d’elle. Aujourd’hui, il tiendra sa promesse…
Sur le sol frémissant des premières pluies d’automnes, Félix, silencieux, s’endort déjà dans une mort qui ne lui appartient plus.

¤ Cat ¤ 04/01/2016