Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

vendredi 17 avril 2015

Les fleurs du Mal

Les fleurs charmeuses à l’orée des prairies de nos corps,
Coulent sèves brûlantes dans nos veines passiflores,
L’étrange poison se miel au nectar d’un sang sucré,
Que la vie, un matin, nous as tendrement déposé.

Elles nous parfument de leur Mort en belles printanières,
Et n’éclosent leur cancer que pour fleurir leur cimetière,
La douceur chuchotée pour tromper nos douleurs,
Écorche nos cris aux morsures de nos cœurs.

Leurs beautés nous succombent un regard égrotant,
Qu’un miroir nous reflète au navrant d’un ciel blanc,
Elles embaument l’enfant et s’entêtent aux vieillards,
Arrachent l’amant qu’elles lamentent aux brouillards.

Les pétales de cheveux au désert d’un crâne,
S’étalent sur le banc des crinières océanes,
Et voici que la barque aux navigues de l’âme,
S’échoue sur les sables des rivières de larmes.

17/04/2015

Des espoirs

L’imposant silence qui s’égraine du temps,
Ecoute les solitudes que lui souffle le vent,
Il n’est plus que tourment dans le vide désolant.

Parsemer de nos peurs, il voyage dans nos doutes,
Une errance vagabonde aux secrets de nos routes,
Un coffret pandorique qui s’écoule goutte à goutte.

Et classer nos souffrances dans le ventre de la terre,
Pour renaître à ces bruits qu’on voudrait ne plus taire,
Ne serrer que la corde qui nous rend solitaire.

17/04/2015

jeudi 9 avril 2015

Un arbre


Voici un magnifique texte de mon amie Aubrée, écrit à l'occasion d'un atelier d'écriture... Bonne découverte et surtout bonne lecture...





Solitude au milieu de ce champ. Isolé dans son monde inondé de lumière, il trône en roi sur une cour  de nains. Il jette ses élans au gré du vent, semant ses ordres au fil des nuages bleus. Nul n’entend. En silencieuses injonctions, il parle le langage du blanc zéphyr et éructe ses désirs et ses souhaits en ondes incolores.

Pourtant, il plonge son âme au creux noir de la terre. Il y  injecte son sang en écarlates tourbillons vivants et puise son ardeur au cœur d’un humus vibrant d’énergie. Le flux vert incessant s’élève et grandit, pousse et croît au rythme des saisons.

Imposant, torturé, immense de sa majesté vivante, il vit là entre ciel et terre depuis plus longtemps qu’il ne saurait le dire. Immobile en un monde mouvant de vibrations ténues, il pose son regard impassible sur ses contemporains qui s’activent  à de futiles choses dont il ne veut rien savoir. Seul, en son écorce enfermé, il préside le royaume des lueurs et des obscurités d’une nature oubliée.
Solitaire, il perpétue la vie de sève irriguée.

Qu’attend-il ? Rien. Que pense-t-il ? Rien. Que vit-il ? Tout.

Il vit de ces heures fanées où l’enfant venait le caresser. De ces instants de joie où le paysan s’appuyait à lui, dans son ombre,  pour se reposer. De ces moments futiles où la bergère lui donnait un baiser.
Il vit de ces futurs bonheurs inscrits dans le bleuet à naître au soleil. De la pluie bienfaitrice sur le blé en herbe. De la colonie de fourmis qui viendra tout à l’heure.

Il respire de chlorophylle et il inspire d’oxygène. Il creuse au fond des entrailles ténébreuses du monde et s’implante au plus profond de Gaïa. Il avance vers le céleste et lumineux refuge et grandit à la source de Ra.

Force immuable, il donne l’exemple d’un parcours immobile et pourtant primordial.

D’un trajet qu’aucun doute ne perturbe. D’une voie tracée vers l’infini du ciel mais puisant sa source au feu de l’essentiel. 

Aubrée ©

mardi 7 avril 2015

Au bout du compte...

Cette nuit là, tes yeux se portent une fois  de plus sur le radio réveil posé sur ta table de nuit. Il est trois heures du matin… Et tu voudrais dormir.

Chaque insomnie ressemble à la précédente, agaçante, sans fin. Un sablier du temps où les minutes s’accrochent à l’éternel, où même les secondes se perdent dans les marais de l’ennuyeux.  Un sinistre cauchemar que d’écouter le réveil se transformer en un gigantesque métronome ouvrant une large gueule sur la partition de la marche funèbre. Et sentir te lécher, son inquiétant mouvement de va-et-vient - narcotique, monotone - mais pas assez soporifique pour t’emporter dans cet Eden où se reposent, à l’ombre d’un olivier, tes rêves les plus vivants. Ton cerveau ne doit pas se perdre dans le désolant tempo de l’infernale machine, pourtant… Il est déjà trop tard. Chaque paroi de ton crâne se fait l’écho assassin de l’obscur « tic-tac ».   

Tu compte-mouton.

Une fois, deux fois, dix fois… En sachant, qu’au douzième mouton, tes pensées t’emporteront, comme à chaque fois,  bien loin de cette verte prairie, où tu joues tes espoirs de sommeil.
Souvent, tu les peins  en rouge ces moutons, en bleu, en nuit et il t’arrive même, parfois, de les éclabousser aux mille couleurs de l’arc-en-ciel. Souvent, ils bêlent « frère Jacques » à la manière d’un slam d’aujourd’hui. Un son de cloche en fond sonore : Toi, le dingue, l’esprit dérangé entre le ding et le dong. Souvent aussi, tu les imagines à la queue leu leu, brin de paille dans la gueule, marchant au pas sous un air de vieille guinguette. Et trop souvent, au bruit de l’affreux tic-tac de ton réveil, tu deviens l’assassin aux yeux rougis par la fatigue La tondeuse aiguisé à la main, tu tonds ces moutons pour grand-mère qui tricote le fameux bas de laine qui camoufle tes nombreux somnifères. Et presque toujours : Le drame.

Alors tu compte-kébab.

Mais là encore, la lune reste accrochée à son ciel et les étoiles se moquent de toi. Les filantes défilent devant ton regard lassé de regarder. Les autres s’éclairent à la nuit en perçant l’obscurité de plusieurs centaines de coups de lumière.
Comment réussir à dormir quand l’esprit un peu fou te joue de ses pensées ? Te voilà, submergé par un flot de banalités quotidiennes qui s’échouent sur les plages de ta raison. Tu voudrais en faire des châteaux de sable, mais tu ne réussis qu’à retourner ce pauvre seau rouge, orphelin de sa pelle et de son râteau, engloutis à jamais dans ces sables mouvants.
Dehors… Une chouette crie. Tu voudrais la faire taire. Elle persiste dans son chant de nuit, comme pour te rappeler que l’obscurité est, comme toi, toujours réveillée. Bien sûr, tu penses au vieux fusil de papa, rangé depuis des années dans la penderie du bas. Bien sûr, tu ne fais qu’y penser. Mais il te plait d’imaginer cet oiseau nocturne cloué, tel un Christ aux larmes statufiées, sur une planche de bois aux contours taillés à la hache. Et d’entendre son cri figé dans la moue pathétique de son bec entrouvert.   
Ploc, ploc… Voilà autre chose… Quelques gouttes de pluie qui s’acharnent à « mélodier » ton univers.

Donc, tu compte-goutte.

Et au bout de douze gouttes, tu t’en abreuve ta gueule de géant et tu ris, tu ris, tu ris à t’en faire… Réveiller un peu plus.
Fichue pluie, fichu chouette… Fichue nuit.


Dehors le jour se lève… Il est 6h 15

Tu n’as toujours pas ressentis la douceur des bras de Morphée. Et d’ailleurs ? Où est-elle donc passée cette traînée ? Sans doute sur l’oreiller moelleux d’un marchand de sable à la libido trop débordante. Hummm… Se laisser border par des doigts de fées… Hey là… Tu t’égares vieux ! Comment veux-tu espérer quelques heures de sommeil si tu t’imagines caresses et autres voluptés.

Alors tu conte de fée 

…Ou plus précisément,  tu comptes fleurettes aux nombreuses fées mythiques qui s’amusent depuis peu à te souffler nature et mille frissons fleuris sur le doux de ta peau nue et fiévreuse. La douzième, fée des eaux et fille de l’Océan, navigue dans ton esprit en tourbillonnant d’un chant hypnotique pour capturer encore un peu plus ton insomnie tempétueuse. Alors tu sèches ces sueurs salées comme tu le peux sur le drap blanc trempé et, en fond de cale imaginaire, tu jettes sirènes et autres créatures féminines. Quelques gouttes d’huile parfumées à l’olive ou aux graines de tournesol et les voici stupides sardines dans une boite de thon. A défaut de dormir, tu t’amuses plutôt bien !
6h16… Bientôt l’heure de se lever.
Se lever ? Se lever de l’enfer de ton lit cercueil qui t’emprisonne les rêves. Tu n’as même pas fermé l’œil… Tu as juste compté.
Compter pour du beurre.
Courage vieux… café noir, sans sucres, une bonne douche pour effacer les cernes de cette nuit dévastatrice et au boulot… Un boulot où tu dois encore et encore compter les boulons et les écrous. Les boulons, par lot de dix dans la boite bleue, les écrous par lot de trente dans la boite rouge… Un, deux, trois… Pas une de plus, pas une de moins : Tu comptes rond. Et tu jettes dans l’oubli quelques pièces « tâchées » aux cicatrices de différences, celles que personne ne veux.

Cela fait soixante-trois heures que tu n’as pas dormi, enfin, tu sens le sommeil te gagner.

Le marchand de sable vient enfin de te balancer sa mixture dans les yeux… ça te gratte, ça te pique. Tu ressens lentement le doux chant d’Hypnos sur l’effleure de ta peau, comme le frisson poétique d’une prose chuchotée sur le grain du papier. Le soleil tente de t’éblouir une dernière fois.

En fin de compte… Tu ne comptes plus. Ni pour le jour, ni pour la nuit… Un laissé pour compte !

Sur la table de nuit, à côté du réveil, te nargue la boite de barbiturique tragique, dans laquelle on ne peut plus compter son contenu, si ce n’est dans ton estomac endormi.

Le compte à rebours peut alors commencer…