J’Haine
Et
je vous autorise à me broyer le cerveau à coups d’électrochocs médiatiques.
Je
vous autorise à m’injecter dans les veines vos réponses toutes faites pour
faire taire mes doutes à jamais.
Je
vous autorise à m’offrir en errance au milieu de ces milliers de morts-vivants
qui polluent nos rues de leur répugnante misère.
Je
vous autorise à me grignoter les viscères qui salivent vos bouches meurtrières
et à jeter mes restes dans l’enclos des cochons au sourire carnivore.
Je
vous autorise à me fusiller sur l’autel de vos dieux qui s’en foutent de nous.
J’Haine
Et
je vous autorise à m’autopsier le crâne et à m’extirper mes pensées à grands
coups de pied-de-biche. Les faire brûler vif sur le bûcher des idées perdues au
milieu des cadavres maudits, de ceux qu’on appelait autrefois « les poètes ».
Je
vous autorise à m’arracher mes silences pour les jeter en pâture à la foule qui
crie ses tortures sur les marchés de la haine.
Je
vous autorise à vomir mes entrailles sur les peuples orphelins qui crèvent de
faim.
Je
vous autorise à m’enfermer dans vos prisons pour un excès de vitesse de trop,
pendant que, chaque jour, nos rues frissonnent sous les viols et sous les
coups.
J’Haine
Et
je vous autorise à devenir maître de ma maison, de mon jardin, de ma voiture et
de mon chien. D’user mon libre-arbitre dans un cul-de-sac fataliste.
Je
vous autorise à me cracher dans les caniveaux où tout le monde pisse sa rage et
sa colère.
Je
vous autorise à éduquer mes enfants dans l’analphabétisme d’un enseignement
choisi et trié.
Je
vous autorise à me greffer une ceinture de prières extraites du coran, de la
bible, de la torah ou du Veda et d’appuyer sur le bouton qui la fera exploser
au milieu d’une Sodome pécheresse.
J’Haine
Et
je vous autorise à me crever les yeux de vos images publicitaires et me panser
ensuite sous les bandages d’une consommation excessive et abusive.
Je
vous autorise à m’attacher à un écran pour ne plus vivre mes rencontres. A me
« pixéliser » la peau pour ne plus ressentir la main de l’autre me
caresser. Je vous autorise à m’inonder le crâne de sites pervers, violents,
destructeurs à m’en faire dégueuler mes larmes sur les touches d’un clavier. Je
vous autorise à m’informatiser le cœur que vous pourrez gérer du haut de votre
bureaucratie vomitive. A m’introduire de temps en temps l’un de vos nombreux
virus pour garder le contrôle sur moi ou en me choquant d’une petite décharge
d’amour, aux premiers signes de déprimes, pour m’insuffler un peu d’espoir et
continuer de vous engraisser.
Je
vous autorise à m’inoculer votre cancer pour me nourrir de tous vos placebos et
vous faire jouir sous vos blouses blanches des guérisons qu’on ne croit plus.
J’Haine
Et
je vous autorise à me lécher la peau pour vous abreuver des sueurs d’un travail
que vous ne connaissez pas.
Je
vous autorise à balancer mon corps au bout d’une corde pour animer vos têtes
les soirs de grands festins.
Je
vous autorise à m’enfoncer un entonnoir dans le gosier pour me gaver de vos
malbouffes qui défèquent dans mon corps obésité, cholestérol et autre diabète.
Je
vous autorise à disséquer ma vie sur les réseaux sociaux… En attendant
patiemment mon suicide.
Je
vous autorise à vous nourrir de mes peurs quand, sur le trottoir d’en face, la délinquance
vous lève un doigt d’honneur.
Je
vous autorise à me lapider sur la place publique parce que je suis née femme
dans un monde d’hommes.
Je
vous autorise à tatouer vos insultes sur mon crâne rasé et à briser mes os à
coups d’indifférences et de différences.
J’Haine
Et
je vous autorise à répandre mes cendres dans un champ de blé comme engrais
« biologique » pour nourrir mes enfants génétiquement modifiés.
Je
vous autorise à me jeter sur l’échafaud à titre d’exemple et me guillotiner
devant une France muette pendant que vous vous masturbez sous vos robes noires
et déverser votre semence sur la foule asservie à votre si belle justice… Illusoire.
Je
vous autorise à m’enfoncer un pieu dans le cœur pour m’empêcher d’aimer.
Je
vous autorise à me piétiner mes rêves ridicules, encore et encore, sur le
pas-de-porte de l’irréalisable, pour essuyer les vôtres et les rendre plus
beaux.
Je
vous autorise à me grimer de vos mensonges et à jeter aux loups le masque des
vérités.
J’Haine
Et
je vous autorise à me tailler le visage et le corps à coups de scalpels ou de
botox pour me rapprocher au plus près de ce que vous appelez
« perfection ».
Je
vous autorise à me planter sur votre croix des tolérances intolérantes.
Je
vous autorise à me coudre sur les pieds et sur les mains le fil de ma servitude
et à m’offrir à vos enfants bourgeois pour qu’ils puissent jouer et rires de
mon corps de pantin.
Je
vous autorise à me bourrer de vos pilules et vous servir de cobaye. Des rouges,
des bleus, des jaunes ou bien encore des blanches et me cicatriser de vos
effets indésirables que je vomis dans les toilettes.
Je
vous autorise à m’écraser sous le poids de mes dettes et de me suralimenter en
impôts jusqu’à m’en étouffer.
Je
vous autorise à contrôler mon corps et à le modifier pour que de mon ventre ne
naissent plus que des enfants qui ne savent plus penser.
J’Haine
Et
je vous autorise à profiter de mon humanité pour vous mettre dans vos poches
les quelques pièces économisées et envoyées en dons dans ces pays où gangrène
la pauvreté. Je vous autorise à les regarder mourir pendant que vous trinquez
de mille bulles devant la courbe en constante progression de vos actions en
bourse.
Je
vous autorise à m’empiffrer de l’excellente bouillie de vos lois si justes et
de vos écrits narcissiques pour me faire dégueuler les milliers de livres
stupides de ces grands écrivains qui dorment aujourd’hui dans nos plus vieux
cimetières.
Je vous autorise à me fumer.
Je
vous autorise à broyer mon cadavre au milieu des ordures que vous laissez
fleurir sur une terre trop belle. A me voler mon oxygène et celle des forêts
pour le stocker dans vos abris anti-nucléaire.
Je
vous autorise à me matraquer et à me balancer vos gaz lacrymogènes dans la
gueule quand j’ai l’audace de l’ouvrir dans les manifestations pour les droits
de l’Homme.
Je
vous autorise à me juger, me condamner… Me suicider.
Je
vous autorise…
Je
vous autorise.
¤ Cat ¤ 22/04/2016
Wouah ! C'est du très très grand Cat ! J'en sors encore toute chamboulée et retournée ! J'aime tes mots incisifs, sans concession ! Tu nous dresses là le constat de la décrépitude de notre monde en lambeaux sous l'oeil indifférent des badeaux ! j'aime quand tu te mets en colère et tu craches tes mots ! SUBLIMISSIME ! Foi d'Epo CASQUETTE A RAS MAIS A RAS DE TERRE ! Je poste illico sur mon mur Facebook cette perle ! Merciiii ma Minette pour avoir si bien su traduire l'innommable avec grand brio ! Gros bisous et douce soirée loin de ce monde écartelé ! A bientôt!
RépondreSupprimerParfois crier fait tellement du bien... Pourtant... malheureusement... ça ne change pas grand chose... Merci petite casquette... Tendresses du chat
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