Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

vendredi 22 avril 2016

J'Haine

J’Haine
Et je vous autorise à me broyer le cerveau à coups d’électrochocs médiatiques.
Je vous autorise à m’injecter dans les veines vos réponses toutes faites pour faire taire mes doutes à jamais.
Je vous autorise à m’offrir en errance au milieu de ces milliers de morts-vivants qui polluent nos rues de leur répugnante misère.
Je vous autorise à me grignoter les viscères qui salivent vos bouches meurtrières et à jeter mes restes dans l’enclos des cochons au sourire carnivore.
Je vous autorise à me fusiller sur l’autel de vos dieux qui s’en foutent de nous.
J’Haine
Et je vous autorise à m’autopsier le crâne et à m’extirper mes pensées à grands coups de pied-de-biche. Les faire brûler vif sur le bûcher des idées perdues au milieu des cadavres maudits, de ceux qu’on appelait autrefois « les poètes ».
Je vous autorise à m’arracher mes silences pour les jeter en pâture à la foule qui crie ses tortures sur les marchés de la haine.
Je vous autorise à vomir mes entrailles sur les peuples orphelins qui crèvent de faim.
Je vous autorise à m’enfermer dans vos prisons pour un excès de vitesse de trop, pendant que, chaque jour, nos rues frissonnent sous les viols et sous les coups.
J’Haine
Et je vous autorise à devenir maître de ma maison, de mon jardin, de ma voiture et de mon chien. D’user mon libre-arbitre dans un cul-de-sac fataliste.
Je vous autorise à me cracher dans les caniveaux où tout le monde pisse sa rage et sa colère.
Je vous autorise à éduquer mes enfants dans l’analphabétisme d’un enseignement choisi et trié.
Je vous autorise à me greffer une ceinture de prières extraites du coran, de la bible, de la torah ou du Veda et d’appuyer sur le bouton qui la fera exploser au milieu d’une Sodome pécheresse.
J’Haine
Et je vous autorise à me crever les yeux de vos images publicitaires et me panser ensuite sous les bandages d’une consommation excessive et abusive.
Je vous autorise à m’attacher à un écran pour ne plus vivre mes rencontres. A me « pixéliser » la peau pour ne plus ressentir la main de l’autre me caresser. Je vous autorise à m’inonder le crâne de sites pervers, violents, destructeurs à m’en faire dégueuler mes larmes sur les touches d’un clavier. Je vous autorise à m’informatiser le cœur que vous pourrez gérer du haut de votre bureaucratie vomitive. A m’introduire de temps en temps l’un de vos nombreux virus pour garder le contrôle sur moi ou en me choquant d’une petite décharge d’amour, aux premiers signes de déprimes, pour m’insuffler un peu d’espoir et continuer de vous engraisser.
Je vous autorise à m’inoculer votre cancer pour me nourrir de tous vos placebos et vous faire jouir sous vos blouses blanches des guérisons qu’on ne croit plus.
J’Haine
Et je vous autorise à me lécher la peau pour vous abreuver des sueurs d’un travail que vous ne connaissez pas.
Je vous autorise à balancer mon corps au bout d’une corde pour animer vos têtes les soirs de grands festins.
Je vous autorise à m’enfoncer un entonnoir dans le gosier pour me gaver de vos malbouffes qui défèquent dans mon corps obésité, cholestérol et autre diabète.  
Je vous autorise à disséquer ma vie sur les réseaux sociaux… En attendant patiemment mon suicide.
Je vous autorise à vous nourrir de mes peurs quand, sur le trottoir d’en face, la délinquance vous lève un doigt d’honneur.
Je vous autorise à me lapider sur la place publique parce que je suis née femme dans un monde d’hommes.
Je vous autorise à tatouer vos insultes sur mon crâne rasé et à briser mes os à coups d’indifférences et de différences.
J’Haine
Et je vous autorise à répandre mes cendres dans un champ de blé comme engrais « biologique » pour nourrir mes enfants génétiquement modifiés.
Je vous autorise à me jeter sur l’échafaud à titre d’exemple et me guillotiner devant une France muette pendant que vous vous masturbez sous vos robes noires et déverser votre semence sur la foule asservie à votre si belle justice… Illusoire.
Je vous autorise à m’enfoncer un pieu dans le cœur pour m’empêcher d’aimer.
Je vous autorise à me piétiner mes rêves ridicules, encore et encore, sur le pas-de-porte de l’irréalisable, pour essuyer les vôtres et les rendre plus beaux.
Je vous autorise à me grimer de vos mensonges et à jeter aux loups le masque des vérités.
J’Haine
Et je vous autorise à me tailler le visage et le corps à coups de scalpels ou de botox pour me rapprocher au plus près de ce que vous appelez « perfection ».
Je vous autorise à me planter sur votre croix des tolérances intolérantes.
Je vous autorise à me coudre sur les pieds et sur les mains le fil de ma servitude et à m’offrir à vos enfants bourgeois pour qu’ils puissent jouer et rires de mon corps de pantin.
Je vous autorise à me bourrer de vos pilules et vous servir de cobaye. Des rouges, des bleus, des jaunes ou bien encore des blanches et me cicatriser de vos effets indésirables que je vomis dans les toilettes.
Je vous autorise à m’écraser sous le poids de mes dettes et de me suralimenter en impôts jusqu’à m’en étouffer.
Je vous autorise à contrôler mon corps et à le modifier pour que de mon ventre ne naissent plus que des enfants qui ne savent plus penser.
J’Haine
Et je vous autorise à profiter de mon humanité pour vous mettre dans vos poches les quelques pièces économisées et envoyées en dons dans ces pays où gangrène la pauvreté. Je vous autorise à les regarder mourir pendant que vous trinquez de mille bulles devant la courbe en constante progression de vos actions en bourse.
Je vous autorise à m’empiffrer de l’excellente bouillie de vos lois si justes et de vos écrits narcissiques pour me faire dégueuler les milliers de livres stupides de ces grands écrivains qui dorment aujourd’hui dans nos plus vieux cimetières.
Je vous autorise à me fumer.
Je vous autorise à broyer mon cadavre au milieu des ordures que vous laissez fleurir sur une terre trop belle. A me voler mon oxygène et celle des forêts pour le stocker dans vos abris anti-nucléaire.
Je vous autorise à me matraquer et à me balancer vos gaz lacrymogènes dans la gueule quand j’ai l’audace de l’ouvrir dans les manifestations pour les droits de l’Homme.
Je vous autorise à me juger, me condamner… Me suicider.
Je vous autorise…
Je vous autorise.

¤ Cat ¤ 22/04/2016

2 commentaires:

  1. Wouah ! C'est du très très grand Cat ! J'en sors encore toute chamboulée et retournée ! J'aime tes mots incisifs, sans concession ! Tu nous dresses là le constat de la décrépitude de notre monde en lambeaux sous l'oeil indifférent des badeaux ! j'aime quand tu te mets en colère et tu craches tes mots ! SUBLIMISSIME ! Foi d'Epo CASQUETTE A RAS MAIS A RAS DE TERRE ! Je poste illico sur mon mur Facebook cette perle ! Merciiii ma Minette pour avoir si bien su traduire l'innommable avec grand brio ! Gros bisous et douce soirée loin de ce monde écartelé ! A bientôt!

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    1. Parfois crier fait tellement du bien... Pourtant... malheureusement... ça ne change pas grand chose... Merci petite casquette... Tendresses du chat

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