Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

jeudi 9 avril 2015

Un arbre


Voici un magnifique texte de mon amie Aubrée, écrit à l'occasion d'un atelier d'écriture... Bonne découverte et surtout bonne lecture...





Solitude au milieu de ce champ. Isolé dans son monde inondé de lumière, il trône en roi sur une cour  de nains. Il jette ses élans au gré du vent, semant ses ordres au fil des nuages bleus. Nul n’entend. En silencieuses injonctions, il parle le langage du blanc zéphyr et éructe ses désirs et ses souhaits en ondes incolores.

Pourtant, il plonge son âme au creux noir de la terre. Il y  injecte son sang en écarlates tourbillons vivants et puise son ardeur au cœur d’un humus vibrant d’énergie. Le flux vert incessant s’élève et grandit, pousse et croît au rythme des saisons.

Imposant, torturé, immense de sa majesté vivante, il vit là entre ciel et terre depuis plus longtemps qu’il ne saurait le dire. Immobile en un monde mouvant de vibrations ténues, il pose son regard impassible sur ses contemporains qui s’activent  à de futiles choses dont il ne veut rien savoir. Seul, en son écorce enfermé, il préside le royaume des lueurs et des obscurités d’une nature oubliée.
Solitaire, il perpétue la vie de sève irriguée.

Qu’attend-il ? Rien. Que pense-t-il ? Rien. Que vit-il ? Tout.

Il vit de ces heures fanées où l’enfant venait le caresser. De ces instants de joie où le paysan s’appuyait à lui, dans son ombre,  pour se reposer. De ces moments futiles où la bergère lui donnait un baiser.
Il vit de ces futurs bonheurs inscrits dans le bleuet à naître au soleil. De la pluie bienfaitrice sur le blé en herbe. De la colonie de fourmis qui viendra tout à l’heure.

Il respire de chlorophylle et il inspire d’oxygène. Il creuse au fond des entrailles ténébreuses du monde et s’implante au plus profond de Gaïa. Il avance vers le céleste et lumineux refuge et grandit à la source de Ra.

Force immuable, il donne l’exemple d’un parcours immobile et pourtant primordial.

D’un trajet qu’aucun doute ne perturbe. D’une voie tracée vers l’infini du ciel mais puisant sa source au feu de l’essentiel. 

Aubrée ©

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