(Quand l'écriture souffre)
J’écris
une vie du bout de ma morte plume. Une vie fragile en fond de gris de brume.
Elle m’offre son sang pour l’étaler sur le papier, mais j’ai perdu le verbe
« écrire » et je m’endors du mot « souffrance ». Le vieux
papier buvard, tâché à l’encre rouge, n’absorbe plus, depuis longtemps, le flot
de mes pensées. Il crache la vie, comme s’écoule le temps, s’égrenant lentement
sous les marées violentes. Coup de pointe d’un stylo sur le glissant papier, je
trace à l’infini la ligne des histoires. Ma rime autour du cou, je serre à
m’étouffer et je me pends aux vers que je croyais nouveaux. Je ne sais plus
cette vie, elle a fui mon cerveau ou s’est-elle oubliée dans l’amnésie des mots ?
Mon écriture malade agonise dans sa fièvre et elle vomit le vide sur l’autel
des consciences. Pour retrouver l’envie j’avais besoin des rêves, de ceux qui
riment jolis dans les embruns d’amour, mais mes sombres écrits s’éveillent dans
les cauchemars que la nuit interdite m’arrache à coup de lune. J’ai mal à ma
plume et je saigne d’une encre trop noire. De celle qui nécrose nos âmes
putréfiées. Et quand l’infâme gangrène me rongera les os, je glisserais mon
verbe dans la fosse creusée et j’attendrais demain pour renaître du néant. Dans
l’attente de ce jour, je farandole mes mots, je danse les sourires qui s’arc-en-ciel de poésie, et j’essaie de
rêver. Mais pour rêver d’un nous, j’avais besoin d’un toi et toi tu n’es plus
là depuis ma mort subite. Et je ne t’en veux pas, tu as choisis tes maux, moi
je préfère les miens, noyés au fleuve suicide.
Mes
mots vous choque et s’entrechoc, mais j’ai la rage d’écrire, alors je cherche
encore ma fuyante déité. Je l’espère retrouvée soufflé d’inspirations, pour
réécrire cette vie que j’ai laissée tomber.
¤ Cat ¤ 07/09/2015
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