Petit chat joueur de mots, je pelote mes poésies de caresses câlines et je griffe parfois pour défendre les maux. J'écris le "je", le "nous", le "vous" et je ronronne souvent sous l'effleure de ma plume. J'invente, je tente... Juste pour le plaisir.

Fines moustaches et libres pensées... Je guette la rime et vous partage mon petit coup de patte.

Je ne suis pas un écrivain... Je suis le chat "couseur de mots" et vous êtes... mes petites souris inspiratrices.

jeudi 9 novembre 2023

Narcose

 Ils ont le sourire carnivore

Et l’appétit dangereux.

Les fous se bousculent en bord de précipice

Et tombent trois mètres plus bas

Sur un lit de seringues usées

vidées de leur euphorie.

De là-haut, l’œil érubescent du faucon

reflète une cascade de cadavres

plongeant dans une rivière de sang.

Une abomination poétique

sur la toile obscène du peintre excentrique

D’en bas, ce sont juste des morts « overdosés ».

Les fous se bousculent

et leurs cris sont échos sur la mer endeuillée.

Au loin, les marins dans leur cercueil de fer

espèrent la terre pour s’y faire entomber

Les femmes n’attendent plus leur retour sur les quais

elles s’endorment déjà chaque soir dans les bras d’autres hommes

s’abreuvant de vodka, de vin ou d’opioïdes

Juste avant de rejoindre les fous au bord du précipice.

Plus personne n’attend plus personne.

Lui, il reste à l’écart

Entre deux shoots, il plane au-dessus de ces fous

et les regarde sombrer.

Parfois, il voudrait les sauver

parfois, dans l’enfer de ses psychoses

il voudrait juste les pousser.

Mais il a trop peur d’avancer

trop peur d’être agripper.

Bien trop de ses amis sont déjà en bas

gémissant au milieu du charnier.

Et leurs plaintes d’être étouffées

par les détonations des obus et des bombes

dans ces terres lointaines où personne ne veut aller.

Juste à côté de lui

La petite fille, les bras croisés

Attend dans sa solitude

que la grosse dame en jupe tailleur et talons hauts

vienne lui serrer la corde qu’elle a autour du cou.

Son visage est éteint

il n’exprime plus rien

il n’est que le visage figé de ces poupées

que des anthropomorphes aiment tant maculer

de leur liqueur visqueuse et dégoûtante.

Elle ne dit rien, il ne dit rien

leur existence n’est rien

Ils se contente de se tenir la main

pour un moment.

Elle est sevré depuis longtemps

et ne se fume à présent plus que dans sa triste réalité.

Pour elle, il est déjà trop tard

Son petit corps est maintenant recouvert de saxifrages

et elle frôle dès lors un temps qui ne lui appartient déjà plus.

Quand elle s’envolera, lui sera toujours là

Comme à chaque fois.

Il laissera glisser ses cendres entre ses doigts

dans l’attente du prochain gamin paumé

qui voudra bien lui tenir la main

juste un instant.

Les cicatrices sur sa peau

ne sont que les pétroglyphes d’un temps passé

d’un temps dépassé

Ses yeux ne reflètent plus

que ses innombrables automnes

à se piquer les veines

Son corps pleure des squames

et son cœur s’est asphyxié.

Ses fous-rires se sont perdus

en même temps que ses rêves

quand il a compris les mensonges et les trahisons des hommes.

Et lorsqu’à force de suicides

il sentira l’odeur de sa fin

Il descendra sur la piste pour pendre les clowns

et voler leur nez rouge

pour les offrir aux enfants suppliciés.

Les fous se bousculent toujours

les blouses blanches engraissées aux psychotropes

viennent, à leur tour, prendre leur place dans le brasier

parmi tous ces fous qu’ils pensaient guérir

Et qui sont devenus obsessions

dans leur cerveau fatigué

au point d’en devenir fous eux aussi.

Lui, il les regarde toujours

Quelques hallucinations

un parfum d’Ancolie

et il se laissera alors glisser dans la foule des fous

pour les bousculer

pour se faire bousculer

et se laisser tomber trois mètres plus bas

dans les vapeurs des mânes.

Quelques hallucinations

Un parfum d’Ancolie

Et il s’abandonnera enfin.

La mort ne devient-elle pas délicieuse quand elle se pare d’opiacés ?


¤Cat à Strophes 09/11/2023

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