Ils ont le sourire carnivore
Et l’appétit dangereux.
Les fous se bousculent en bord de précipice
Et tombent trois mètres plus bas
Sur un lit de seringues usées
vidées de leur euphorie.
De là-haut, l’œil érubescent du faucon
reflète une cascade de cadavres
plongeant dans une rivière de sang.
Une abomination poétique
sur la toile obscène du peintre excentrique
D’en bas, ce sont juste des morts « overdosés ».
Les fous se bousculent
et leurs cris sont échos sur la mer endeuillée.
Au loin, les marins dans leur cercueil de fer
espèrent la terre pour s’y faire entomber
Les femmes n’attendent plus leur retour sur les quais
elles s’endorment déjà chaque soir dans les bras d’autres hommes
s’abreuvant de vodka, de vin ou d’opioïdes
Juste avant de rejoindre les fous au bord du précipice.
Plus personne n’attend plus personne.
Lui, il reste à l’écart
Entre deux shoots, il plane au-dessus de ces fous
et les regarde sombrer.
Parfois, il voudrait les sauver
parfois, dans l’enfer de ses psychoses
il voudrait juste les pousser.
Mais il a trop peur d’avancer
trop peur d’être agripper.
Bien trop de ses amis sont déjà en bas
gémissant au milieu du charnier.
Et leurs plaintes d’être étouffées
par les détonations des obus et des bombes
dans ces terres lointaines où personne ne veut aller.
Juste à côté de lui
La petite fille, les bras croisés
Attend dans sa solitude
que la grosse dame en jupe tailleur et talons hauts
vienne lui serrer la corde qu’elle a autour du cou.
Son visage est éteint
il n’exprime plus rien
il n’est que le visage figé de ces poupées
que des anthropomorphes aiment tant maculer
de leur liqueur visqueuse et dégoûtante.
Elle ne dit rien, il ne dit rien
leur existence n’est rien
Ils se contente de se tenir la main
pour un moment.
Elle est sevré depuis longtemps
et ne se fume à présent plus que dans sa triste réalité.
Pour elle, il est déjà trop tard
Son petit corps est maintenant recouvert de saxifrages
et elle frôle dès lors un temps qui ne lui appartient déjà plus.
Quand elle s’envolera, lui sera toujours là
Comme à chaque fois.
Il laissera glisser ses cendres entre ses doigts
dans l’attente du prochain gamin paumé
qui voudra bien lui tenir la main
juste un instant.
Les cicatrices sur sa peau
ne sont que les pétroglyphes d’un temps passé
d’un temps dépassé
Ses yeux ne reflètent plus
que ses innombrables automnes
à se piquer les veines
Son corps pleure des squames
et son cœur s’est asphyxié.
Ses fous-rires se sont perdus
en même temps que ses rêves
quand il a compris les mensonges et les trahisons des hommes.
Et lorsqu’à force de suicides
il sentira l’odeur de sa fin
Il descendra sur la piste pour pendre les clowns
et voler leur nez rouge
pour les offrir aux enfants suppliciés.
Les fous se bousculent toujours
les blouses blanches engraissées aux psychotropes
viennent, à leur tour, prendre leur place dans le brasier
parmi tous ces fous qu’ils pensaient guérir
Et qui sont devenus obsessions
dans leur cerveau fatigué
au point d’en devenir fous eux aussi.
Lui, il les regarde toujours
Quelques hallucinations
un parfum d’Ancolie
et il se laissera alors glisser dans la foule des fous
pour les bousculer
pour se faire bousculer
et se laisser tomber trois mètres plus bas
dans les vapeurs des mânes.
Quelques hallucinations
Un parfum d’Ancolie
Et il s’abandonnera enfin.
La mort ne devient-elle pas délicieuse quand elle se pare d’opiacés ?
¤Cat à Strophes 09/11/2023
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